Historiquement, la BCE a été un acteur central dans la régulation monétaire et financière de la zone euro. Elle a permis de soutenir sa monnaie et de prévenir l’inflation excessive pendant la période de COVID, et depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
L’augmentation du stock d’or de la BCP indique une prise de distance vis-à-vis des décisions de la BCE, d’où le refus de la Pologne d’accepter la hausse des taux directeurs alors qu’elle voyait son inflation grimper à 14,4 % en 2022. Suivant cette politique, elle les avait baissés tout en continuant à acheter de l’or sur le marché international (Londres, New York ou Shanghai). Cette démarche, initiée en 2019, avait été enclenchée afin de stabiliser son espace économique et monétaire.
La Pologne, qui partage des frontières communes avec la Russie (Kaliningrad) et la Biélorussie, a joué un rôle important dans le soutien à l’Ukraine. Ce choix lui a valu une inflation record entre 2022 et 2023, avant que la croissance ne reprenne en 2024. Constituer une réserve d’or, qui dépasse celle de la BCE, lui est donc indispensable afin de prévenir les crises inflationnistes et de protéger sa monnaie (le zloty) face au dollar. Des observateurs internationaux ont estimé qu’à l’instar de celui-ci, Varsovie chercherait à s’émanciper de l’euro, mais, de la même manière que la livre pré-Brexit n’a jamais porté atteinte à la monnaie créée par la BCE, il en est de même avec le zloty, qui sert notamment dans les transactions intra-européennes. Les voitures allemandes produites en Pologne sont revendues en euros. Ce cercle vertueux, adaptable à d’autres domaines industriels, notamment l’IA, indique la hausse de la production et de la croissance économique.
Néanmoins, la récente élection du président eurosceptique Karol Nawrocki, le 1er juin 2025, inquiète les marchés financiers et les investisseurs. Ils y voient un signe d’isolationnisme dû à un régime instable, ce qui, à moyen terme, dévaluerait la monnaie polonaise et, consécutivement, son stock d’or. Face à lui se dresse Donald Tusk, Premier ministre polonais europhile, dont le soutien de Bruxelles permettra que le bond économique que connaît Varsovie depuis 2004 perdure.