Autonomie stratégique : Une Europe unie face à l’isolationnisme américain

Alors que l’Union Européenne fait face à une montée de l’euroscepticisme, comment expliquer le récent regain d’intérêt pour l’autonomie stratégique ?

Autonomie stratégique : Une Europe unie face à l’isolationnisme américain

Alors que l’Union Européenne fait face à une montée de l’euroscepticisme, comment expliquer le récent regain d’intérêt pour l’autonomie stratégique ?

La transformation de la politique étrangère des Etats-Unis de Donald Trump a été caractérisée de tournant dans l’ordre géopolitique mondial. Les Etats-Unis, en tant que première puissance mondiale, ont réhabilité la Russie à discuter de la guerre en Ukraine, sans consulter les intérêts ukrainiens. La situation est telle que Zelensky appelle aujourd’hui les pays européens à l’aide, en prônant une défense commune européenne, alors qu’il adoptait plutôt le parapluie américain depuis le début de la guerre.

Pour Iris Herbelot, Trump et sa politique confrontationnelle remettent plus que jamais en cause le transatlantisme, poussant l’Europe à se questionner sur sa dépendance vis-à-vis de la superpuissance mondiale.

Alors que la déclaration d’Emmanuel Macron sur la “mort-cérébrale de l’OTAN” avait d’abord suscité des réticences en 2019, le chef d’Etat français souhaite aujourd’hui alerter sur la situation géopolitique de la guerre en Ukraine, en convoquant plusieurs États pour une série de réunions discutant de l’autonomie stratégique, et aboutissant au Sommet de Londres le 2 mars.

Le concept d’autonomie stratégique consiste pour les européens d’être en mesure d’agir et de se défendre eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Originellement associée à la défense, l’expression recouvre désormais d’autres domaines, dont le numérique et l’énergie. Elle permettrait d’après Pascale Boniface, d’aboutir à des alliances plus efficace, voire de rééquilibrer les relations au sein de l’OTAN. En d’octobre 2020, Josep Borrell, ancien Haut Représentant de l’Union pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité, établit 3 principales raisons de soutenir l’autonomie stratégique : le recul du poids de l’UE dans le monde, la montée de l’interdépendance économique, et surtout la posture isolationniste de l’administration Trump.

Si la sécurité est avant tout une compétence nationale, le domaine de la défense européenne a vu des avancées significatives ces dernières années, comme le Fonds européen de défense et la Coopération structurée permanente (communément PESCO) depuis 2017, qui offrent un soutien financier et organisationnel au développement de la défense européenne. Dernièrement c’est la Boussole stratégique de mars 2022 et l’initiative ReArm Europe de mars 2025, qui visent à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense jusqu’en 2030, en réponse aux menaces géopolitiques. Malgré les volontés de faire évoluer l’intégration européenne, les divergences idéologiques (par exemple, les pays illibéraux), et la fragmentation des 27 armées nationales empêchent une unité militaire efficace. Pourtant, les budgets nationaux de défense s’inscrivent dans une dynamique croissante : en 2023, 10 pays seulement réservaient à la défense un montant au moins égal à 2 % de leur PIB, contre 15 à plus de 2% en 2024 (dont la Pologne à 4,1 % et les pays Baltes autour des 3%).

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