Alors que l’Union européenne cherche progressivement à se libérer de l’influence étasunienne, elle se penche aujourd’hui sur le domaine scientifique. Le 5 mai dernier, Bruxelles proposait une nouvelle enveloppe de 500 millions d’euros pour la période 2025-2027, afin de renforcer l’attractivité et la compétitivité de la recherche européenne. Cette mesure s’inscrit dans le programme existant Horizon Europe – frôlant 97 milliards d’euros – visant à augmenter les niveaux de dépenses de l’UE en sciences de 50 % de 2021 à 2027.
Pour étendre la sphère d’influence de la recherche européenne, Horizon Europe a permis à des chercheurs étatsuniens de recevoir 26,4 millions d’euros de l’UE pour des projets de santé. Ces financements visent à faciliter la coopération transatlantique, mais aussi à présenter l’Europe comme une alternative attrayante pour les jeunes talents. En plus de l’objectif d’atteindre 3 % du PIB pour les investissements dans la recherche et le développement d’ici 2030, von der Leyen a proposé un premier acte législatif, inscrivant la liberté académique dans le droit.
Toutefois, l’UE reste encore dépendante des bases de données et plateformes étrangères (Scopus et Web of Science) ainsi que des financements américains (via les National Institutes of Health [NIH], par exemple). En 2024, pour un montant total de plus de 62 millions de dollars, 121 projets impliquant des chercheurs basés en Europe ont obtenu un financement des NIH. Néanmoins, ce financement est de plus en plus incertain depuis l’arrivée de Trump. En outre, les universités européennes ont souvent fait face au *brain drain* (l’exode des cerveaux) vers les universités anglophones plus prestigieuses.
Dès lors, les institutions scientifiques européennes ont moins de leadership dans les grands projets scientifiques, et les grandes publications du Conseil européen de la recherche (CER) n’ont pas la même capacité de résonance que les publications anglophones. De plus, il existe de grandes différences de compétitivité entre les pays de l’UE qui sont difficiles à résorber, même avec un ciblage conséquent du financement européen. Ainsi, des projets de recherche effectués en Espagne, même s’ils reçoivent une somme généreuse du CER, n’affichent généralement pas des taux de performance aussi favorables que ceux exécutés aux Pays-Bas, un pays bien plus compétitif dans le domaine scientifique.