La coopération en matière de sécurité entre l’Europe et l’Afrique traverse une période de crise. De nombreux pays africains ne considèrent plus les interventions européennes comme une aide, mais plutôt comme une menace à leur souveraineté. Ainsi, plusieurs nations du Sahel ont progressivement mis fin à leurs accords militaires avec la France. Le retrait des troupes françaises du Mali en 2022 et du Burkina Faso en 2023 illustre ce basculement, accompagné d’un rapprochement avec la Russie. Le groupe paramilitaire Wagner a renforcé sa présence au Mali et en Centrafrique, ce qui accentue les tensions diplomatiques avec l’Europe. Ce mouvement traduit la volonté de certains États africains de diversifier leurs alliances stratégiques et d’affirmer une plus grande indépendance en matière de sécurité.
Par ailleurs, l’Afrique revendique un partenariat économique plus équilibré avec l’Europe. Depuis plusieurs années, les relations commerciales restent marquées par une asymétrie, alors que la Chine investit massivement dans les infrastructures africaines. En réaction, l’UE a lancé le programme « Global Gateway », prévoyant un investissement de 150 milliards d’euros en Afrique d’ici 2027. Cependant, cet engagement européen ne convainc pas les pays Africains, qui voient en la Chine et la Russie l’espoir d’un monde multipolaire plus égalitaire. Le chercheur Carlos Lopes, spécialiste des économies africaines, souligne en 2024 que « l’Afrique veut sortir de la simple relation de dépendance financière et demande à être un acteur à part entière dans les négociations commerciales ». Cette demande traduit une volonté croissante des États africains de maîtriser leur industrialisation et de diversifier leur économie.
Ces transformations révèlent un changement de paradigme dans les relations euro-africaines. L’Afrique cherche à s’affranchir des influences occidentales en renforçant son indépendance stratégique et économique, imposant à l’Europe de repenser son approche pour conserver un partenariat durable et mutuellement avantageux.