Des pays comme l’Allemagne et la Pologne ont montré leur inquiétude en évoquant la nécessité d’une nouvelle forme de dissuasion pour leur pays. La France et le Royaume-Uni, seuls détenteurs de cette arme en Europe, se trouvent au cœur des débats. L’idée d’une extension de la dissuasion par ces derniers est érigée comme solution. La France dispose de 290 têtes nucléaires et le Royaume-Uni de 225. Les États-Unis en comptent 5 044. Grâce à l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression, l’important parapluie nucléaire américain protège l’Europe. Les États-Unis ont d’ailleurs déployé une partie de leur arsenal nucléaire en Europe dans le cadre de l’accord de partage nucléaire de l’OTAN, avec une centaine d’ogives stockées sur des bases en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Leurs forces armées sont formées à l’utilisation des bombes nucléaires américaines.
Depuis plusieurs mois, Donald Trump ne cesse d’évoquer un possible désengagement de l’OTAN, remettant en cause la garantie américaine pour l’Europe. Les discours du président américain constituent d’ores et déjà un affaiblissement de l’efficacité de la posture de dissuasion de l’OTAN. Face à cela, les réunions sur la sécurité européenne se multiplient entre les dirigeants européens. Ils se sont notamment engagés à davantage s’armer afin de gagner en autonomie, mais la question de l’avenir de la dissuasion européenne reste en débat. La France et le Royaume-Uni sont les seuls pays européens disposant de l’arme atomique. Les Britanniques n’ont pas une complète marge de manœuvre stratégique puisqu’ils ont développé leur arsenal en collaboration avec les États-Unis. Ils dépendent des Américains pour l’entretien et la maintenance de leur force nucléaire.
À l’inverse, la dissuasion française repose sur le principe d’autonomie stratégique. Elle se veut indépendante et repose sur l’appréciation du président de la République concernant une menace contre les intérêts vitaux du pays. Cette autonomie française explique la place centrale de la France dans les débats autour d’une dissuasion européenne autonome des États-Unis. En février 2020, Emmanuel Macron avait souligné « la dimension authentiquement européenne » des intérêts vitaux français. Il a récemment annoncé vouloir « ouvrir le débat stratégique » sur l’extension de la dissuasion française à ses alliés européens, ce à quoi les Allemands, les Polonais ou encore les pays baltes se sont déclarés intéressés.