Forces ukrainiennes formées à l’étranger : les limites visibles

Quelles sont les limites de la formation des forces ukrainiennes à l’étranger ?

Forces ukrainiennes formées à l’étranger : les limites visibles

Quelles sont les limites de la formation des forces ukrainiennes à l’étranger ?

Début janvier 2025, la brigade Anne de Kiev, première brigade interarmes ukrainienne formée et équipée en France, faisait les gros titres. Partiellement formée au camp de Mourmelon (Marne), la 155e brigade mécanisée, ayant effectué un exercice du groupement tactique interarmes (infanterie, artillerie, cavalerie et génie), devait être scindée en plusieurs unités une fois arrivée sur le sol ukrainien, dans le but de renforcer le front.

Cependant, victime d’un “chaos organisationnel”, la brigade aurait subi une désertion massive “avant même le premier coup de feu”, selon Le Monde. En tout, 50 soldats auraient déserté pendant leur formation et 1700 en Ukraine, mettant dans l’embarras la France et soulevant des doutes sur l’efficacité de l’entraînement des troupes ukrainiennes à l’étranger.

En octobre 2022 est lancé le plan EUMAM (European Union military Assistance Mission in support of Ukraine), une initiative visant à soutenir les forces armées ukrainiennes. Ce plan offre un cadre “structuré et mutualisé permettant de démultiplier l’offre de formation et d’entraînement au combat”. Au total, près de 60 000 soldats ont été formés, majoritairement en Pologne et en Allemagne. 

Cyrille Bret, chercheur à l’Institut Jacques Delors, met cependant en lumière les limites de cette préparation à l’étranger, en particulier en ce qui concerne son réalisme. “En Ukraine, les soldats utilisent du matériel hétérogène datant parfois de l’ère soviétique, dont ne disposent pas les pays formateurs.” Les armes utilisées sur le front sont ainsi parfois différentes de celles avec lesquelles les soldats sont entraînés. Le système de commandement diffère également. Dans les grandes armées européennes, tout est programmé et administré en avance, tandis qu’en Ukraine tout se construit au fil de la guerre. Les préoccupations ne sont pas les mêmes : sur leur sol, les pays européens ne sont pas en guerre et se concentrent principalement sur la lutte contre le terrorisme. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les modèles de formation en Europe sont façonnés “par les normes de temps de paix.” Même si les entraînements se veulent réalistes, aucun ne pourra jamais être fidèle à la réalité de la guerre.

D’autres problématiques ont également été soulevées par le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), qui ajoute que certains pays européens disposent de restrictions légales dans l’organisation de certains types de formation (par exemple sur les tireurs d’élite, les dronistes, etc). Face à tout cela, le SEAE appelle à une formation de suivi lors de l’arrivée des soldats formés par la EUMAM en Ukraine, pour minimiser le fossé entre compétences acquises et exigences du front. Cette uniformisation apparaît d’autant plus essentielle que le Conseil européen a annoncé la prolongation du financement de la mission EUMAM jusqu’en novembre 2026, tandis que les présidents Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron se sont entendus sur la formation prochaine d’une seconde brigade en France.

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