Gaza : comment les États du Groupe de La Haye entendent-ils défendre le droit international au travers du multilatéralisme ?

Ancrés dans une logique de défense du multilatéralisme, les États du groupe de La Haye se sont réunis en juillet 2025 à Bogotá lors d’une réunion d’urgence contre les crimes commis en Palestine. Face à l’inaction des grandes puissances, la coalition s’est engagée dans des mesures juridiques et diplomatiques coordonnées afin de responsabiliser Israël selon les principes du droit international. Souhaitant aller au-delà “du simple discours”, le groupe rappelle que les obligations violées et les crimes commis par Israël sont l’affaire de tous les États au vu de l’importance des droits remis en cause. Bien que n’ayant jusqu’alors pas de puissants leviers d’action sur Tel-Aviv, les États du groupe cherchent à faire contrepoids face à une diplomatie occidentale insuffisante envers Israël.

Créé le 31 janvier 2025 en s’inspirant de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, le groupe de La Haye rassemble douze États issus du Sud Global, comme Cuba, l’Irak ou la Namibie. Ceux-ci souhaitent s’inscrire dans une démarche d’action collective afin de défendre le droit international en solidarité avec le peuple palestinien. Pour Guillaume Long, conseiller diplomatique principal du groupe de La Haye, lorsque “les États s’unissent, ils ont plus de poids et d’influence que lorsqu’ils sont isolés”.

La coalition se repose sur la Charte des Nations Unies et sur ses droits inaliénables, dont le droit à l’autodétermination de tous les peuples,ainsi que sur la Convention sur le génocide de 1948, et appelle à mettre fin au génocide palestinien.

La réunion d’urgence a rassemblé 32 délégations, dont celles de pays européens et arabes, bien qu’aucun État de ces régions ne fasse partie du groupe de La Haye.Concrètement, les États de la coalition doivent instaurer des mesures d’ici le 20 septembre 2025 afin d’empêcher toute exportation d’armes et l’accueil de navires transportant du matériel militaire à destination d’Israël. Ils s’engagent à soutenir les mandats d’arrêt de la CPI à l’encontre du Premier ministre israélien B. Netanyahou et Y. Gallant, ex-ministre de la Défense, et à garantir que justice soit rendue à toutes les victimes. 


En accord avec l’ordonnance de la CIJ du 30 avril 2024 insistant sur l’obligation des Etats membres des Nations Unies “de ne pas apporter leur assistance au maintien de la situation […]”, la rapporteuse spéciale de l’ONU Francesca Albanese a appelé chaque État à “suspendre immédiatement toutes ses relations avec Israël”. La création de ce groupe, composé d’États ayant individuellement des moyens d’action faibles sur l’État hébreu, est un geste symbolique dans la responsabilisation d’Israël.Cette initiative contraste ainsi avec les diplomaties occidentales prudentes vis-à-vis des violations du droit international et humanitaire par Israël.En effet, au début du mois de juillet, les membres de l’UE ne sont pas parvenus à s’accorder sur des sanctions immédiates dans le cadre de l’accord d’association avec l’État hébreu.

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