Indépendance du Groenland: Trump a-t-il renforcé ou affaibli le mouvement nationaliste?

Comment la volonté américaine de contrôler le Groenland a-t-elle impacté les dynamiques d’indépendance ?

Le 4 mars 2025, le président américain, Donald Trump, a réitéré, devant le Congrès, sa volonté d’annexer le Groenland à des fins stratégiques et d’exploitation des métaux rares et ressources naturelles. Face à cette allocution, le Groenland a notamment rappelé le durcissement des revendications indépendantistes lors des élections législatives anticipées du 11 mars. Le parti de centre-droit, Demokraatit, qui a gagné avec près de 30% des voix, prône une indépendance graduelle vis-à-vis du Danemark. Le vainqueur des législatives et nouveau premier ministre du Groenland depuis le 28 mars, Jens-Frederik Nielsen, le rappelle bien: « Les déclarations de Trump aux États-Unis sont déplacées et montrent encore une fois que nous {groenlandais} devons rester unis dans de telles situations ».

Après trois siècles de souveraineté danoise, le Groenland est devenu un territoire autonome en 1979. Ce statut lui permet de posséder un certain nombre de responsabilités ainsi que de demander l’indépendance vis-à-vis du Danemark. Bien que la grande majorité des 56 000 habitants de l’île soutienne l’idée de l’indépendance, des divergences existent quant à la manière de l’atteindre. La population est divisée selon les générations, explique Anne-Françoise Hivert, correspondante du Monde dans les pays scandinaves : les jeunes recherchent une indépendance rapide, tandis que les plus âgés préfèrent un processus progressif. 

Cette division s’est illustrée lors des élections législatives de mars dernier. Le parti Demokraatit (centre-droit) est arrivé en tête avec 30% des voix, suivi du parti indépendantiste Naleraq, qui en a obtenu 25%. Ce dernier prône un processus immédiat d’indépendance, tandis que Demokraatit et les partis de gauche se montrent plus prudents. Les opposants à une indépendance précipitée soulignent plusieurs défis, notamment la dépendance du Groenland envers le Danemark pour les fonctions régaliennes, comme la défense, les affaires étrangères et la politique monétaire. Actuellement, le Groenland bénéficie d’une subvention annuelle de 4,1 milliards de couronnes provenant du Danemark, soit près de la moitié de son budget. De plus, le nouveau Premier ministre a souligné les inquiétudes concernant la pression et les contrôles externes que pourrait subir le pays en cas d’indépendance trop hâtive. En particulier, la crainte d’une dépendance économique accrue en cas d’ouverture de la politique minière aux acteurs étrangers.

Face aux déclarations expansionnistes de Trump, affirmant que les États-Unis obtiendront le Groenland “d’une manière ou d’une autre”, le gouvernement groenlandais a formé rapidement une large coalition, excluant le parti indépendantiste Naleraq. Le programme de coalition exprime la nécessité de maintenir la stabilité et l’unité du pays face aux pressions extérieures. Plutôt que de rechercher une indépendance immédiate, les partis de la coalition privilégient le renforcement d’une économie solide et autonome, tout en réduisant la dépendance au Danemark, rappelle M. Nielsen.

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