En s’attardant sur ses pratiques, il est évident que Disney a pris quelques libertés juridiques par rapport au Code civil. Dans Les Aristochats, Georges Hautecourt est chargé de finaliser le testament de Madame de Bonnefamille, une riche Parisienne qui souhaite léguer toute sa fortune à ses chats !
Dès sa première apparition, Hautecourt marque les esprits. Il danse plus qu’il ne marche, grimpe les escaliers comme un funambule et semble oublier qu’un notaire est censé incarner la rigueur et le sérieux. Avec sa voix tremblante et son attitude guillerette, il donne l’impression d’être plus à l’aise sur une piste de danse que dans un cabinet juridique. Pourtant, malgré son allure de grand-père distrait, il parvient à sceller un testament qui devient le cœur de l’intrigue. D’un point de vue juridique, en droit français, les animaux ont longtemps été considérés comme des biens, autrement dit des « objets » appartenant à leurs propriétaires. Ce n’est qu’en 2015 qu’ils ont officiellement été reconnus comme des êtres vivants doués de sensibilité. En 1910, une telle clause testamentaire aurait sans doute été jugée invalide. Cependant, Disney ne s’embarasse pas de tels détails puisque Madame de Bonnefamille affirme que ses chats hériteront de toute sa fortune via son majordome Edgar, chargé de veiller à leur bien-être.
Puisqu’en 2015, le statut juridique des animaux de compagnies a évolué, on peut se demander comment ce testament dans la vie réelle pourrait prendre forme. Devrait-on déterminer la part d’héritage de chaque chat en croquette ?
En analysant le personnage de Georges Hautecourt et en le replaçant dans notre époque hyper connectée, pourrait-il réellement s’adapter à un univers où les signatures se font en un clic et où la blockchain garantit l’authenticité des actes ? Pas si sûr. Entre les mots de passe oubliés et les e-mails remplis de spams, Hautecourt risquerait de préférer le charme d’un parchemin à la froideur d’un fichier PDF. Pourtant, sa fantaisie pourrait bien apporter une touche de chaleur humaine dans un monde numérique parfois impersonnel. In fine, le notaire chez Disney n’est pas qu’un simple professionnel du droit ; c’est un personnage à part entière, à la fois comique et attachant. Hautecourt incarne une vision totalement fantaisiste de la profession notariale. Alors, même si les juristes peuvent grincer des dents face à tant de libertés prises avec la réalité, le public, lui, ne peut s’empêcher de sourire. Et après tout, n’est-ce pas là toute la magie Disney ?