Face à la flambée des prix de l’énergie, aux tensions géopolitiques et à l’urgence climatique, la France réaffirme son engagement dans le nucléaire. Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le prix de l’électricité en Europe a explosé, atteignant plus de 1 000 €/MWh en août, contre environ 50 €/MWh auparavant. En cause, la hausse du prix du gaz, alimentée par la réduction des livraisons russes qui représentaient 40 % des importations européennes sur laquelle s’indexe le prix de gros de l’électricité. À cela s’ajoutent la spéculation sur les marchés et la faible disponibilité du parc nucléaire français, ralenti par des problèmes techniques et des opérations de maintenance.
Cette crise a agi comme un électrochoc pour la France. Son parc, composé de 56 réacteurs, a fourni 62 % de l’électricité en 2023, contre plus de 75 % dans les années 2000. À titre de comparaison, les États-Unis, bien qu’ils disposent de 93 réacteurs, n’en tirent qu’environ 19 % de leur production électrique. Pour enrayer le déclin, Emmanuel Macron a annoncé son projet, la construction de six réacteurs EPR2, avec une option pour huit supplémentaires, afin d’assurer une production bas carbone et stable à l’horizon 2050. Mais les précédents chantiers inquiètent comme L’EPR de Flamanville, lancé en 2007, n’a été raccordé au réseau qu’en décembre 2024, après douze ans de retard et un coût porté à 13,2 milliards d’euros. Sa mise en service complète est prévue pour l’été 2025.
EDF mise sur la standardisation des futurs réacteurs et la formation de 10 000 techniciens par an jusqu’en 2030. En Allemagne, où les dernières centrales ont été fermées en 2023, la CDU appelle à leur réouverture. Une option jugée irréaliste par les exploitants comme E.ON, qui maintiennent les plans de démantèlement, et par le ministre de l’Économie Robert Habeck, en raison des coûts et délais. La France, elle, reste fidèle à sa stratégie, le nucléaire est un pilier de sa transition énergétique. Selon L’agence internationale de l’énergie, y renoncer ferait grimper le coût total à l’échelle mondiale de 1500 milliards d’euros par an à partir de 2031.