Ces attaques ont lieu en Europe mais particulièrement en Allemagne, dans les États baltes ou en Roumanie. Le but recherché est de diffuser un narratif anti-OTAN, anti-élite et nationaliste qui viserait à fracturer l’unité occidentale dans le soutien apporté à l’Ukraine, et plus généralement susciter la défiance des populations vis-à-vis des institutions étatiques.
Parmi les techniques de subversion utilisées par la Russie, il y a la manipulation des réseaux sociaux comme Méta, TikTok ou X qui sont régulièrement utilisés par Moscou pour influencer des élections, comme celles aux États-Unis en 2016, ou le référendum du Brexit. Plus récemment, les élections roumaines en décembre 2024, où Călin Georgescu est parvenu à se qualifier au second tour.
Pour mener sa campagne, le candidat roumain s’est appuyé sur Tik-Tok. Depuis cette plateforme, il s’est servi de plusieurs centaines d’influenceurs rémunérés pour diffuser des contenus favorables à ses idées, contournant la législation électorale interdisant aux plateformes de favoriser un candidat. Au cours de cette même campagne, près de 85 000 cyberattaques visant les infrastructures électorales ont été recensées. Dans les deux cas, la Russie est suspectée d’avoir orchestré et financé ces actions d’influence.
L’ensemble de ces faits a conduit à l’annulation de cette première élection par la Cour suprême et l’organisation de nouvelles élections en mai 2025. Cette opération russe, au coût modeste, est parvenue à impacter la confiance d’une partie de la population envers ses institutions démocratiques.La stratégie russe ne se limite pas à de la déstabilisation électorale, elle vise aussi des infrastructures stratégiques au soutien militaire à l’Ukraine. En Allemagne, fournisseur clé d’armes à l’Ukraine, constitue une cible privilégiée des services russes. Au total, près de 21 attaques ont eu lieu dans le pays depuis 2022, sur des sites clés, comme le pipeline de Brunsbüttel ou des usines d’armements. Moscou cherche également à dissuader les acteurs économiques et industriels impliqués dans le soutien à l’Ukraine. La tentative d’assassinat contre Armin Papperger, PDG de Rheinmetall, principal fournisseur d’obus pour Kiev, illustre une escalade stratégique en visant désormais les figures clés de l’effort de guerre ukrainien. La Russie applique une approche de guerre hybride visant à affaiblir la solidarité européenne et créer un climat de menace en Europe. Cette stratégie, qui repose sur des moyens limités mais très ciblés, constitue un défi majeur pour la stabilité de l’Union Européenne.