L’alignement stratégique entre Orban et Trump annonce-t-il une internationalisation du conservatisme illibéral ?

Le 27 mai 2025, à Budapest, lors de l’événement « L’Âge des patriotes », le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est une nouvelle fois positionné en relais européen des idées défendues par Donald Trump. Devant un parterre de figures conservatrices influentes, dont le Néerlandais Geert Wilders ou encore l’Espagnol Santiago Abascal, le dirigeant hongrois a repris plusieurs éléments clés de la rhétorique trumpiste, critiquant les institutions de l’Union européenne et le comportement des 27 en Ukraine. Donald Trump a adressé un court message aux participants pendant la rencontre, marquant ainsi la continuité de son soutien au camp conservateur européen. Mais cette alliance illibérale dépend de plus en plus du bon vouloir du leader américain et des évolutions politiques extérieures.

Lors de la réunion, plusieurs discours se sont montrés complaisants à l’égard de Moscou et de Washington, Orban allant même jusqu’à reprendre certains éléments de langage du vice-président américain J.D. Vance. Le Premier ministre hongrois a également vanté les aspects positifs du projet de Washington d’un nouveau régime en Europe. Fin avril 2025, les États-Unis avaient lancé, par un canal officiel, un appel à transformer l’Union en un agrégat de « nations chrétiennes comme la Hongrie », s’inscrivant dans une logique civilisationnelle plus qu’assumée. Le leader du Fidesz a tenu à encourager implicitement les autres leaders du conservatisme en Europe, désireux de voir se mettre en place un front patriote : « Nous devons tous gagner chez nous […] Polonais, Tchèques, Français. »

Mais si Orban se présente comme une figure de proue du conservatisme mondial, son influence en Europe, comme son alliance avec Donald Trump, tend à s’effriter. Sa puissance technologique naissante, ainsi que la perte d’influence de son parti politique, que ce soit au Parlement national ou au Parlement européen, pourrait pousser l’actuel président américain à se tourner vers plus fort. Lors de la réunion conservatrice dans la capitale hongroise, le président américain s’est contenté du minimum : une très courte vidéo, sans aucun représentant physique, pas même sa secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, pourtant présente deux jours plus tôt en Pologne pour soutenir le nationaliste Nawrocki.

Parmi les concurrents du Premier ministre hongrois, la Première ministre italienne Giorgia Meloni tente de plus en plus de récupérer le rôle d’interlocutrice privilégiée de Washington, en prônant notamment une politique bien différente de celle de son homologue hongrois sur le dossier ukrainien. À un an des élections législatives hongroises, Viktor Orban n’est donc pas intouchable au sein de l’internationale illibérale portée par des personnages comme Trump, Meloni ou encore l’actuel président du Rassemblement national en France, Jordan Bardella, tous bien décidés à remodeler le monde et l’Europe à leur image.

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