Le 19 juin, l’amendement est adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Le scrutin donne 65 voix pour et 62 contre, avec le soutien du Rassemblement national et en l’absence d’une partie des députés de la majorité présidentielle. Les réactions s’enchaînent dans la filière. France Renouvelables adresse une lettre ouverte aux députés pour alerter sur « 80 000 emplois directement menacés » et un « signal désastreux pour l’investissement ».
André Joffre, président du pôle de compétitivité DERBI–Cemater et représentant du secteur solaire, estime que « ce moratoire serait à contre-courant de ce qui se passe dans le monde ». Le gouvernement, par la voix de la ministre Agnès Pannier-Runacher, dénonce un « non-sens énergétique » qui compromet la visibilité de la planification. Dans les jours qui suivent le vote du 19 juin, plusieurs appels d’offres sont suspendus et des projets mis à l’arrêt.
La gauche critique la méthode : Matthias Tavel (LFI) accuse LR d’avoir « contourné le débat parlementaire sur la planification énergétique » en introduisant un moratoire par voie budgétaire plutôt qu’à travers la loi de programmation énergie-climat. Le 24 juin, la majorité présidentielle se remobilise. Lors du scrutin solennel, l’amendement est rejeté par 377 voix contre 142, ce qui met fin à sa trajectoire législative immédiate. L’épisode souligne cependant une fracture durable dans les droites françaises.
Alors que la majorité, issue de la droite modérée, défend un mix énergétique associant relance du nucléaire et développement des renouvelables, une partie de LR et le RN affirment une ligne plus conservatrice. Celle-ci privilégie presque exclusivement le nucléaire et freine l’éolien et le solaire au nom de la souveraineté énergétique et de la protection des paysages. Pour le chercheur Andreas Rüdinger, cette posture traduit une « écologie d’ordre », attachée à la continuité des grandes infrastructures industrielles et à une planification centralisée. Elle privilégie la stabilité et l’autorité plutôt qu’une transition rapide et décentralisée. Le contraste avec les impératifs scientifiques est marqué : selon le GIEC, il faudrait réduire de 43 % les émissions mondiales d’ici 2030 pour contenir le réchauffement à 1,5 °C. Le Shift Project souligne de son côté que chaque année de retard accroît les coûts économiques et es.