Le grand retour :  Les trains de nuit sont-ils une réelle transition ou nostalgie passagère ?

Comment la France réintègre t-elle les trains de nuit entre effet de mode et alternative écologique ?

Après une quasi-disparition dans les années 2010, les trains de nuit connaissent un renouveau progressif en France. Le ministre des transports, Clément Beaune, affirme que ce retour est une vraie ambition. Il promet 10 nouvelles lignes d’ici 2030 et un investissement de 100 millions d’euros pour les rénover et les moderniser, que ce soit en place assise, en couchette ou en espace privatif. Depuis 2021, 8 lignes de trains de nuit sont progressivement remises en service, toutes au départ de la gare de Paris-Austerlitz. Les intercités nocturnes permettent non seulement d’économiser une nuit d'hébergement et du temps dans le voyage des passagers, mais aussi un taux de gaz à effet de serre considérablement plus faible qu’avec les voitures ou les avions notamment.

En 1891, les trains de nuit en France étaient à leur apogée. On comptait 550 gares desservies par minimum un train de nuit, ce qui représentait environ  1 commune sur 63. L’arrivée du TGV dans les années 1980, en réduisant drastiquement les temps de trajet, marque le début du déclin des trains de nuit. En 2000, alors qu’il reste encore 67 trains de nuit, la SNCF a supprimé 300 points d’arrêt pour des raisons officielles de sécurité des voyageurs. Avec cette suppression progressive, les trains de nuit ont été quasiment effacés de la carte de France. Jugés peu rentables, ringardisés par les TGV, et concurrencés par les compagnies aériennes low cost, ils n’étaient plus le choix idéalisé des français.

Selon Joël Giraud, ancien ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation de France, la SNCF aurait sciemment décidé d’abandonner ces lignes à partir de 2007.  Ce dernier affirme que depuis cette suppression, le nombre d’amateurs et de fans des trains de nuit émerge remarquablement. C’est la raison pour laquelle en 2019, cet ancien ministre qui était député à l’Assemblée ainsi que le député Eric Woerth, ont fait adopter un amendement à la loi mobilités, demandant au gouvernement d’étudier l’opportunité d’ouvrir de nouvelles lignes. En plus d’un effet de mode, la réouverture de ces trains de nuit possède une autre motivation, qui porte sur l’écologie.

Selon Objectif Carbone, un passager de nuit émet deux fois moins de carbone qu’un voyageur TGV : 1 voyageur parcourant 1 km est d’environ 5gCO2 contre 10 gCO2 en TGV. Cette différence provient surtout du fait que l’électricité utilisée de nuit a un contenu carbone émis très faible. Et pour comparer à une voiture ou un avion, le trajet Paris Nice produit en train de nuit  3,4 kg de CO2 par personne, contre 180kg/personne pour le même trajet en voiture et 86,3kg/personne en avion, selon l’Agence de la transition écologique. En 2024, un million de voyageurs ont choisi le train de nuit pour parcourir la France, un chiffre qui a doublé en 5 ans.

Vous aimez lire nos décryptages ?

Soutenez-nous ! Parce que nous sommes un média :

Nos Dernières Synthèses

Faut-il arbitrer les dépenses sociales et militaires en économie de guerre ?

Le gouvernement justifie la nécessité d’augmenter les dépenses militaires par l’...

La France renoue avec le nucléaire pour restaurer sa puissance : La relance du nucléaire est-elle la...

Face à la flambée des prix de l’énergie, aux tensions géopolitiques et à l’urgen...

Frontières françaises : Quelles sont les entreprises qui en profitent ?

Des investissements massifs dans les entreprises révèlent un véritable « bu...

Rejoignez notre communauté

Recevez chaque semaine nos derniers dossiers, grands entretiens et décryptages dans votre boite mail !