Léon Bloy entre modernité et mysticisme

Dans quelles mesures le monde moderne peut-il étancher la soif d’absolu d’un auteur tel que Léon Bloy ?

Léon Bloy entre modernité et mysticisme

Dans quelles mesures le monde moderne peut-il étancher la soif d’absolu d’un auteur tel que Léon Bloy ?

Comme beaucoup d’écrivains mystiques de son époque, Bloy cherche désespérément à supporter le joug d’une société dont l’essence matérialiste et le détachement de la religion l’accablent. Son œuvre est marquée par une soif inextinguible d’absolu et le rejet de son époque, particulièrement de la bourgeoisie et de la presse. Il mènera ce combat avec comme seule arme, sa plume, qu’il emploiera avec une dextérité naturelle mêlant violence verbale et style étoffé.

Bloy se révèle être un pamphlétaire terrible qui n’hésite pas à s’attaquer aux grands auteurs en vogue de son temps tels que Maupassant ou Daudet. Le redoutable auteur s’inscrit ainsi dans cette crise de fin de siècle ou un certain désespoir suit la défaite de 1870 et où le progrès et l’industrialisation s’accélèrent.

Né en 1846 d’un père franc-maçon voltairien et d’une mère catholique dévote, Bloy se révéla très jeune être un personnage rebelle. Il fut retiré de l’école assez tôt en raison de son indiscipline et son père, alors exaspéré, le vouait à une carrière de petit fonctionnaire. Cependant, le jeune Bloy s’intéresse à la peinture, au dessin et commence à écrire en autodidacte. En 1867, à Paris, il fait la rencontre de l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly qui devient son maître et ami et, sous son influence, il se convertit au catholicisme en 1869.

La colère de Léon Bloy éclate face au positivisme ambiant de cette société de fin du 19e siècle; l’éloge d’un monde dont la réalité serait uniquement matérielle lui est insupportable. Il s’attaque alors aux représentants de cette pensée dominante, notamment à la figure de proue du mouvement naturaliste en traitant Zola d’acéphale. Insulte bien pesée, renvoyant au refus de spiritualité pour le réalisme, choix impossible pour le militant catholique qu’était Léon Bloy. Cet attachement à Dieu était volontairement exagéré par ce personnage intempestif qui vivait dans la confrontation constante. Cette ferveur lui valut le surnom de “pèlerin de l’absolu”. Les catholiques n’étaient pas pour autant à l’abri des griffes de Bloy, les bourgeois endimanchés, tièdes et “imbéciles et théologiens pédants qui pensent que tout a été éclairé”, tous sont passés sous les vindicatives attaques du pamphlétaire. 

Cet acharnement sur les représentants de son temps laisse clairement entrevoir le mal-être causé par la modernité sur un esprit mystique tel que celui de Bloy et de bien d’autres auteurs de son temps. Comment concilier son existence terrestre et sa soif d’éternité dans un monde qui se réduit à sa réalité matérielle, telle est la question que soulève Léon Bloy. Malheureusement, en nageant à contre-courant, Bloy est noyé par le monde littéraire qui l’exclut de toute activité, il finira sa vie entouré des siens après de longues années de confrontation, de résistance et de combat pour ce qui lui était le plus précieux.

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