Après une récession de –2,1 % en 2022, le PIB russe a rebondi en 2023 (+3,6 %), soutenu par la militarisation et les exportations vers la Chine et l’Inde. Mais des fragilités apparaissent : déficit budgétaire accru, fonds souverain en baisse et inflation à 8 %. Selon l’IFRI, ces vulnérabilités montrent que l’effort de guerre reste coûteux à terme.
Le plafonnement du pétrole russe (60 $ fin 2022, abaissé à 47,6 $ début 2024) visait à réduire les revenus énergétiques sans provoquer de chaos sur les marchés. Malgré cela, les recettes pétrolières ont dépassé 192 Mds $ en 2023, aidées par une flotte fantôme de 600 à 1100 navires contournant les plafonds et desservant l’Inde, la Chine et la Turquie. Cette résilience énergétique illustre les limites des sanctions.
Dans l’industrie, l’interdiction d’importer machines-outils, pièces détachées et semi-conducteurs a entraîné un recul de 15 % de la production manufacturière en 2022, accentuant la dépendance à la Chine et à la Turquie pour les produits de substitution. Moscou a lancé une politique ambitieuse de substitution, mais ses effets sont limités dans les secteurs de pointe et les investissements civils sont en berne.
Sur le plan macroéconomique, la Russie a évité l’effondrement : après un recul du PIB de –2,1 % en 2022, elle a enregistré +3,6 % en 2023, portée par le budget militaire, la consommation intérieure et des échanges tournés vers des partenaires non-alignés. Néanmoins, ce rebond est fragile : inflation élevée (≈ 8 %), rouble fragile, fonds souverain en déclin, signes d’une économie sous tension.
Selon l’IFRI, les sanctions n’ont certes pas provoqué d’effondrement, mais elles ont freiné la modernisation, accru la dépendance à la Chine, limité les investissements civils et comprimé les dépenses sociales – autant de facteurs annonciateurs d’un essoufflement à moyen terme du modèle russe. L’impact global reste partiel (30–40%), mais la poudrière économique est en place.
Les sanctions occidentales ont affaibli l’économie russe en limitant son accès aux technologies critiques, en réduisant ses revenus énergétiques (malgré la flotte fantôme) et en accentuant sa dépendance à la Chine, mais elles n’ont pas provoqué l’effondrement escompté. Le modèle russe résiste à court terme grâce à une économie de guerre et à une réorientation des échanges, mais les déséquilibres structurels (inflation, épuisement du fonds souverain, dépendance accrue) révèlent une fragilité croissante à moyen terme, où le temps joue contre Moscou.