Depuis son indépendance en 1947, l’Inde a toujours refusé de choisir un « camp ». En pleine Guerre froide, elle est le chef de file du mouvement des non-alignés, mouvement qui s’oppose à la séparation du monde entre le bloc de l’Est et de l’Ouest. Lorsque Modi accède au pouvoir en 2014, on assiste à un réajustement de la politique étrangère indienne qui devient plutôt du multi-alignement. L’Inde n’est plus vraiment neutre mais crée des alliances multiples dans les différents camps. Le ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar l’a résumé de la façon suivante : « Collaborer avec l’Amérique, gérer la Chine, cultiver l’Europe, rassurer la Russie ». Le pays tire parti les tensions internationales pour adopter un rôle pivot entre les puissances rivales. Dépendante du soutien des occidentaux face à la Chine dans la zone Indo-Pacifique, elle est membre du Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité), aux côtés des Etats-Unis, de l’Australie et du Japon. Pour autant, elle garde des liens forts avec la Russie, qui est son premier fournisseur en termes d’armement.
Elle cherche aussi à être le porte parole du Sud et est un membre central des Brics. L’Inde peut se permettre de choisir la voie de l’indépendance du fait de son poids économique, diplomatique et démographique qui fait d’elle une puissance incontournable. Modi déclare même en 2015 que le XXIe siècle pourrait être le « siècle de l’Inde » . Fort de ses 1.438 milliard d’habitants, l’Inde est depuis 2022 la cinquième économie mondiale. Le pays dispose de l’arme nucléaire depuis 1998 et est aussi devenu un acteur important de la conquête spatiale en envoyant un module sur la Lune en 2023.
Ce positionnement, même s’il semble être favorable au pays aujourd’hui, est aussi parfois délicat à tenir. Il est source de nombreux reproches, surtout dans le camp occidental. Kiev et Washington sont par exemple très critiques de son manque de condamnation de la Russie dans le conflit russo-ukrainien. Le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriy Yermak a déclaré en 2024 que « Nous respectons l’Inde en tant que très grande démocratie dans le monde et pays puissant » en ajoutant « Mais il est maintenant nécessaire de dire qui est l’agresseur et qui est la victime.