Ces accords démontrent une volonté de construire un ‘nouvel ordre’ comme l’a décrit le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, afin de faire contrepoids à l’influence étatsunienne.
Cet accord, signé au Kremlin par le président iranien Massoud Pezeshkian et le président russe Vladimir Poutine, intervient trois jours avant l’investiture du président Donald Trump à la Maison-Blanche. Lors de son premier mandat, ce dernier était partisan d’une politique appelée “pression maximale” contre l’Iran, visant à exercer une pression économique et diplomatique intense sur le régime iranien. Cette stratégie s’est notamment traduite par la réimposition de sanctions économiques en 2020 afin d’isoler l’Iran sur la scène internationale et de le forcer à la négociation d’un nouvel accord nucléaire plus strict.
Face à la politique étasunienne, l’Iran s’est ainsi orienté davantage vers la Russie et la Chine. Le partenariat de coopération qu’entretiennent l’Iran et la Russie depuis 2001 a ainsi été renouvelé après quatre ans d’attente. L’ancien président Ebrahim Raïssi, décédé en mai 2024, avait déjà entamé les discussions avec la Russie, mais plusieurs différends avaient retardé son aboutissement. Bien que cet accord porte sur le même système de coopération qu’entre la Russie et la Corée du Nord, il ne prévoit pas l’envoi de soldats iraniens en Ukraine. Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste de l’Iran, souligne que « l’Iran est un pays très sourcilleux concernant sa souveraineté et ne verrait pas l’intérêt d’envoyer des soldats se faire tuer en Ukraine. »
Selon Clément Therme, spécialiste des relations Iran-Russie, cet accord serait un coup de communication stratégique de la part de la Russie “pour montrer que la Russie n’est pas isolée et qu’elle est un rival des Etats-Unis”. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que ce traité avait pour objectif de “développer les capacités” des deux Etats afin “d’assurer une capacité de défense fiable”. Quant à lui, Abbas Araghchi affirme remplacer par cet accord “l’hégémonie – sous-entendue occidentale – par la coopération” ; il voit dans ce partenariat un “pas vers la création d’un monde plus juste et équilibré”.