Face à une flotte « fantôme » russe au cœur d’une politique déstabilisatrice orchestrée par le Kremlin, le défi de la protection de ces infrastructures est de taille pour l’OTAN dans la mesure où 95 % du trafic Internet est transféré via ces câbles sous-marins.
Le 25 décembre 2024, un câble reliant la Finlande à l’Estonie a été endommagé, un mois seulement après la rupture de deux câbles de télécommunications dans les eaux territoriales de la Suède. Au cœur de l’affaire, le pétrolier Eagle-S, vaisseau de la flotte fantôme russe, terme romanesque pour désigner des navires vieillissants opérant sous pavillon étranger. Pour Moscou, ces bateaux servent à contourner les sanctions occidentales, notamment sur le transport pétrolier. En ce début d’année 2025, l’OTAN se presse pour tenter de museler les entreprises russes. Son Centre de Recherche et d’Expérimentation Maritime (CREM) a mis au point un logiciel baptisé Mainsail, utilisant l’Intelligence artificielle pour analyser et identifier les comportements suspects de navires étrangers. Capable d’alerter instantanément les opérateurs du commandement maritime de l’OTAN, le projet est axé sur une intervention ultra-rapide des forces maritimes.
En parallèle de ce projet, l’Organisation espère officialiser en juin 2025 une flotte de drones maritimes. Ces bateaux sans pilotes sillonneront les mers pour surveiller et sécuriser les infrastructures critiques en mer Baltique, et ainsi dissuader d’éventuels saboteurs. C’est également sur le plan politique que le défi est de taille, où une disparité relationnelle s’est peu à peu installée entre les gouvernements baltes, premières victimes de ces attaques, et les hauts-fonctionnaires de l’OTAN, appelant à une mise en application plus rigoureuse de la législation en mer Baltique. En réponse aux nombreuses demandes d’intransigeance émises par l’OTAN, le président letton Edgars Rinkēvičs a rappelé la difficulté de surveiller une zone où près de 2 000 bateaux naviguent quotidiennement. De nombreux experts soulignent qu’une coopération étroite s’avère être la condition sine qua non pour relever ce défi. En effet, Eric Pouliquen, directeur du CREM, a rappelé que le maintien d’un dialogue constructif entre tous les acteurs concernés était indispensable pour proposer une réponse unie. Dans un contexte de tensions constantes avec Moscou, l’OTAN fait face à un défi de taille pour maintenir sa cohésion à l’échelle internationale.