Pour autant, il semble difficile de considérer le film comme une ode au véganisme. « Ce qui est diabolique n’est pas de manger de la viande mais que cette viande soit produite en masse et vendue non pas pour la survie de l’homme mais pour le profit. » explique le réalisateur.
Okja est un « super-cochon » génétiquement modifié par la multinationale Mirando ; Mija est une jeune fille vivant en Corée du Sud. Son grand-père a été sélectionné par l’entreprise pour élever ce « super-cochon ». Pendant dix ans, fillette et animal se lient d’amitié. Passé cette période, la société Mirando doit récupérer Okja pour la présenter au concours du meilleur « super-cochon » à New York. Après l’événement, l’animal sera abattu pour sa viande. Mija entreprend alors un périple pour sauver son amie. Elle se retrouve confrontée aux pratiques de l’industrie agroalimentaire.
Le film Okja a souvent été perçu comme un plaidoyer en faveur du véganisme. Il met en lumière les dérives de l’industrie agroalimentaire. La création de « super-cochons » destinés à la consommation de masse en est évidemment une. Néanmoins, Bong Joon-ho ne prône qu’une consommation raisonnée. Mija et son grand-père vivent en harmonie dans les montagnes sud-coréennes, tout en pêchant et élevant des poulets pour leur subsistance. L’intention du réalisateur est de construire une critique du productivisme. Le film utilise un anthropomorphisme – prononcé – à l’égard des « super-cochons ». L’humanisation d’Okja est flagrante ; elle suscite l’empathie. Le risque et la limite de l’œuvre résident dans la personnalisation de cet animal, occultant les autres plus anonymes que jamais. En focalisant l’attention sur un animal fictif, doté de caractéristiques exceptionnelles, Okja évite de confronter directement le public à la réalité de la production de viande issue de réels animaux.
D’autre part, les membres du groupe ALF, Animal Liberation Front, sont caricaturés. La manière dont Bong Joon-ho les représente tourne au ridicule, ce qui peut discréditer leur cause aux yeux du spectateur. Ainsi, l’un des militants refuse de se nourrir car toute production est fruit d’exploitation. Une telle représentation serait susceptible d’atténuer le sérieux de leur engagement. Le véganisme est associé à la malnutrition. Pourtant, ce régime serait viable dans les pays riches et déjà développés, qui ont accès à une alimentation saine et végétale. Dans les pays plus modestes, les protéines animales sont des ressources essentielles difficiles à remplacer.