
La Realpolitik ou politique réaliste est une stratégie politique dans le cadre des relations internationales qui se veut pragmatique. Fondée sur la réalité de la situation, c’est-à-dire l’importance économique des intervenants et non sur des a priori idéologiques, elle sert l’intérêt national. En ce sens, la Realpolitik s’oppose à l’idéalisme, qui repose sur la défense de grandes valeurs morales : démocratie, droits de l’Homme … Aux États-Unis, Kissinger, secrétaire d’État de 1973 à 1977, a été le symbole de cette Realpolitik qui fut critiquée à l’heure du retrait des États-Unis de la guerre du Vietnam. Pourtant, elle semble revenir sous la présidence de Joe Biden. Biden semblait, à son arrivée au pouvoir en 2021, porteur de valeurs assimilables à un nouvel idéalisme. Il a notamment refusé jusqu’en juillet 2022 de rencontrer Mohammed Ben Salmane (MBS), prince héritier d’Arabie Saoudite, à cause de l’affaire Jamal Khashoggi. En 2018, le critique du régime entre au consulat saoudien en Turquie. Séquestré, il n’en sortira plus. MBS aurait “validé” ce meurtre. Pourtant, Joe Biden a dû négocier avec MBS sur le prix du pétrole. Sa visite en 2022 à Djeddah marque un tournant stratégique : l’intérêt des États-Unis et de ses alliés avant tout. Joe Biden opère aussi un changement de paradigme dans le cadre de la guerre en Ukraine. Tout en défendant les valeurs démocratiques face à l’invasion russe, avec des aides à hauteur de 110 milliards depuis 2022, il pose certaines limites. Les États-Unis ont notamment refusé de livrer des missiles longue portée (300 km) ATACMS. Ce refus est dans la lignée de la condamnation des attaques de l’Ukraine sur le territoire russe, signe d’une certaine Realpolitik.
Néanmoins, selon le chercheur Romuald Sciora, l’enlisement de la guerre en Ukraine est une défaite occidentale, la réaction ayant été trop mesurée, peut-être trop réaliste. Auteur : Thomas B Rédacteur en chef : Enza Benocci @enza_bnc
Date de publication: 11 novembre 2023 Date de mise à jour: 11 novembre 2023