Le 7 mai 2023, les Chiliens ont accordé 22 des 50 sièges du Conseil constitutionnel au Parti républicain (extrême droite) de José Antonio Kast, lui donnant ainsi les clés pour rédiger la future Constitution du pays. La décision des électeurs peut sembler paradoxale après leur choix en décembre 2021 d’élire l’actuel président de gauche du pays, Gabriel Boric, figure du renouveau politique au Chili. En outre, le texte actuel, hérité de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), avait été appelé à être réformé après un violent soulèvement populaire en 2019 ; une perspective jugée inopportune par le parti d’extrême droite.
La Constitution actuelle du Chili protège le néolibéralisme et verrouille les institutions du pays. En septembre 2022, la proposition d'une nouvelle Constitution, qui cherchait notamment à réduire les inégalités sociales et à garantir le droit à l'avortement, avait été rejetée, jugée trop progressiste. Par la suite, le Parti républicain n'a pas proposé de projet autre que celui de préserver l'ancien système. Selon eux, cette Constitution a propulsé le Chili au rang d'étoile de l'Amérique latine sur le plan économique. De plus, les Chiliens ne semblent plus croire en la puissance de la Constitution pour changer le système, et le parti de Kast partage cette vision. Cette perspective contribue en partie à expliquer leur choix de vote lors des élections.
De surcroît, en 2022, la gauche chilienne s’est divisée. Les rédacteurs du texte rejeté se sont concentrés sur des sujets spécifiques (féminisme, écologie…), sans parvenir à proposer une vision globale cohérente pour le projet. Cette approche a entraîné une perte d'électorat, les préoccupations de la population étant insuffisamment prises en compte. Parallèlement, le paysage médiatique était saturé par les questions d'insécurité et d'immigration, ce qui a favorisé la montée de l’extrême droite.
Auteur: @__plvvvvvvv
Rédacteur en chef: Agathe Delorme @agathe_dlr
Date de publication 09 juin 2023
Date de mise à jour 27 juin 2023