
Environ 8 500 personnes en provenance d’Afrique du Nord ont débarqué sur l’île de Lampedusa entre le 11 et le 13 septembre 2023. Ce nouvel épisode migratoire relance le débat sur le partage des responsabilités au sein de l’UE concernant l’accueil des migrants et met au jour les dissensions à propos de la politique migratoire à adopter. Dès 2004, l’UE officialise l’objectif d’externalisation de sa politique migratoire avec la politique européenne de voisinage. L’externalisation signifie la délégation de la gestion des frontières européennes, mais également des procédures d’asile en dehors du territoire européen avec pour objectif de limiter les arrivées de personnes migrantes sur le territoire européen. Cela se traduit par la signature d’accords réglementant les contreparties financières, diplomatiques ou commerciales au contrôle des migrations.
Ainsi, le 16 juillet 2023, la présidente de la Commission européenne, et deux premiers ministres européens, ont signé un accord avec le gouvernement de Tunis. Le volet migratoire de ce « Partenariat stratégique global » comprend une allocation initiale de 105 millions d’euros sous forme d’équipements en échange d’un meilleur contrôle des flux migratoires en provenance de la Tunisie. La première ministre italienne, Giorgia Meloni a affirmé que l’accord conclu était “une nouvelle étape importante pour traiter la crise migratoire de façon intégrée”. Cependant, l’accord avec la Tunisie est loin de faire l’unanimité, et ce, notamment, parmi les députés européens. Ainsi, Raphaël Glucksmann met en garde contre le danger de la dépendance à un pays autocratique. Sylvie Guillaume insiste, elle, sur la situation préoccupante des droits de l’homme en Tunisie. Le président de la Tunisie, Kaïs Saïed, est par ailleurs coutumier d’une rhétorique raciste et xénophobe, ce qui constitue une autre source d’inquiétudes.
Auteur : Myriam Mellouk
Rédacteur en chef : Paul F @paulfv
Date de publication: 13 octobre 2023 Date de mise à jour: 13 octobre 2023