
Membre historique du mouvement des non-alignés, l’Inde a - depuis la fin de la guerre froide - fait évoluer l’idée d’un non-alignement vers un alignement sur toutes les puissances qu’elle estime bonnes pour ses intérêts. Comme le rappelle le politologue Christophe Jaffrelot, “la Realpolitik indienne se nourrit de nationalisme alors que le non-alignement né à Bandung en 1955 se voulait un humanisme du tiers-monde”. Cette nouvelle position indienne, appelée « India first », passe par deux objectifs. Pour renforcer cette politique de "multi-alignement", l'Inde multiplie ses alliances économiques, diplomatiques et militaires avec les pays qui l'intéressent, allant même jusqu'à prendre des décisions contraires à l'avis de Pékin ou de Washington. Ce changement s’observe au travers de sa participation à l’alliance QUAD dont le but est de contrer l'influence de Pékin dans la région. Dans le même temps, l’Inde est membre de l’Organisation de coopération de Shanghai, une organisation centrée autour des intérêts chinois.
De plus, à côté de cette nouvelle position sur la scène internationale, l’Inde souhaite pérenniser son rôle de centre névralgique du Sud global (et non plus du tiers-monde). Le Premier ministre indien Narendra Modi déclarait en janvier 2023 au sommet virtuel de la Voix du sud, vouloir distribuer de nouvelles places au Conseil de Sécurité de l’ONU (l’Inde n’étant pas membre) et partager aux pays du Sud global sa puissance numérique, nucléaire et spatiale. Toutefois, si New Delhi se garde toujours de montrer une préférence pour Washington ou Pékin, le journaliste Raja Mohan souligne un rapprochement sans précédent entre Biden et Modi. Cette dynamique serait nourrie par la menace territoriale chinoise et la théorie indienne du « Raja-Mandala » qui exprime l’idée que le voisin d’un pays est son ennemi naturel et que le voisin de ce voisin est un allié.
Auteur: Colin D @colin.drt
Rédacteur en chef: Enza Benocci @enza_bnc
Date de publication: 21 juillet 2023 Date de mise à jour: 21 juillet 2023