
Jusqu’au 28 juin dernier, Malte était une exception dans l’UE, l’avortement y était illégal en toutes circonstances. Les femmes risquent 3 ans d’emprisonnement et les médecins le pratiquant, 4 ans. L’affaire médiatisée d’une touriste en danger de mort et incapable d’avorter à Malte, a permis une discussion de la loi au Parlement. Il est désormais légal d’avorter lorsque la vie de la femme est en danger et que le fœtus n’est pas viable. Certains espéraient davantage de ce changement de législation. En effet, le cadre légal reste restreint.
Un sondage réalisé en 2018 donnait 95% de la population maltaise opposée à un droit à l’avortement. 94% de la population maltaise est catholique pratiquante, qui est également la religion d’Etat. C’est une variable explicative centrale de ce rejet de l’avortement comme droit pour les Maltaises. En effet, selon l’anthropologue Rachael Scicluna, l’IVG questionne les notions de famille, de religion et de morale ; fortes dans le christianisme, qui rejette le principe d’ôter la vie.
Tous les partis politiques maltais se rejoignent sur l’opinion anti-avortement. De nombreuses associations pro-vie sont actives et organisent régulièrement des événements publics. Tout cela rend un discours pro-IVG difficile à exprimer publiquement puisque marginal et tabou.
Malgré tout, à Malte, les femmes cherchent à avorter par le biais de réseaux de médecins bravant l’interdit officieusement ou par un voyage coûteux dans d’autres pays de l’UE. En l’absence de données concernant ces recours à l’avortement, il est impossible de chiffrer ce phénomène. Il reste important de noter qu’en parallèle, Malte est un pays progressiste. En effet, l’île a été pionnière pour les droits LGBTQ+, Malte est le meilleur élève d’Europe pour la protection de leurs droits depuis 2015 d’après le classement d’ILGA-Europe, et a légalisé le cannabis récréatif en 2021. Auteur: Clara S
Rédacteur en chef: Leo B
Date de publication : 1er août 2023 Date de mise à jour: 1er août 2023