Le couple franco-allemand joue un rôle essentiel dans l'intégration européenne et la définition des politiques communes. Cependant, ces deux pays se trouvent actuellement en désaccord majeur à propos de l'énergie. Cette divergence affecte l'ensemble de l'édifice du plan "Fit for 55", qui a pour objectif la réduction d'ici 2030 d'au moins 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre de l'UE par rapport aux niveaux de 1990. En Allemagne, la décision de sortir du nucléaire a été prise après l'accident nucléaire de Tchernobyl en 1986. L'accident de Fukushima en 2011 a renforcé cette position, conduisant à un calendrier accéléré de fermeture des centrales nucléaires mais également à une dépendance à l’importation d'électricité. En France, le nucléaire étant considéré comme un élément clé qui pourvoit indépendance et sécurité énergétique, le gouvernement cherche à maintenir un équilibre entre l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Le conflit se cristallise autour de la réforme du marché de l'électricité, empêchant le plafonnement du prix du gaz. Cette fracture nucléaire est exacerbée par des enjeux géopolitiques et économiques plus vastes et la concurrence pour les ressources énergétiques contribue à la complexité de la situation. Le Brexit a entraîné la perte d'un allié pour la France au sein de l’UE dans le soutien au nucléaire, l’obligeant à chercher de nouvelles alliances afin de peser dans le débat. L'Allemagne peut compter sur le soutien de pays opposés au nucléaire, tels que l'Autriche, le Luxembourg et le Danemark. L’enjeu est important car les décisions prises par les Etats dans ce domaine auront un impact sur la transition vers la neutralité carbone, l'approvisionnement en énergie et la compétitivité économique, tout en préservant leur indépendance énergétique et en répondant aux besoins de leurs citoyens et de leurs industries. Auteur : Ilinca B Rédacteur en chef : Emma J Date de publication: 29 octobre 2023 Date de mise à jour: 29 octobre 2023