Le 26 et 27 juillet 2023, le président élu, Mohamed Bazoum, est évincé par l’armée nigérienne. Ces événements ont provoqué une effervescence diplomatique, militaire et médiatique. Si les Occidentaux, France inclue, ainsi que la CEDEAO exigent un retour à un régime légal et démocratique, d’autres enjeux sont à analyser à l’échelle européenne, notamment quant à l’adaptation de sa politique migratoire subsaharienne. Depuis 2016, l’UE collabore avec le Niger afin qu’il neutralise les réseaux de passeurs et freine le départ des migrants vers le nord du continent. Ce pays sahélien, qui partage 5.500 km de frontière avec six autres Etats, est un point de transit important pour rejoindre l’Afrique du Nord et donc l’Europe. Ainsi, au premier semestre de 2023, plus de 60.000 personnes ont tenté de traverser le Niger. Considéré comme un rempart dans la politique migratoire européenne, le Niger a reçu près de 503 millions d'euros pour la période de 2021 à 2024, alloué principalement à l’amélioration de la gouvernance, l’éducation et la croissance dans le contexte d’une économie verte. Depuis, le Niger aurait bloqué près de 95.200 migrants dans la région, selon l’Organisation internationale pour les migrations. À la lumière de ces événements, le porte-parole de la Commission européenne a annoncé la suspension de sa coopération sécuritaire et financière avec le Niger, le 29 juillet dernier. L’UE perd ainsi l’un de ses rares alliés au Sahel, ce qui remet en cause la pratique d’externalisation de ses politiques migratoires. Sur la question, les experts restent partagés : des changements sont inévitables, mais l’orientation de ces politiques fait débat. Pour Alizée Dauchy, chercheuse en sciences politiques, deux scénarios sont envisageables : le renouvellement limité d’une politique migratoire extraterritoriale ou la fin de cette coopération entre l’UE et le Niger. Auteur : @jvnia_ Rédacteur en chef : Emma Josso
Date de publication: 21 septembre 2023 Date de mise à jour: 21 septembre 2023