Le 26 juillet dernier le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, a été renversé par un coup d’État militaire. Depuis, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) désormais au pouvoir, réclame le départ de la France. Le 26 août, plus de 20 000 personnes se sont réunies dans la capitale Niamey afin d’appuyer cette demande. Après le Burkina-Faso et le Mali, le Niger est le troisième pays à vouloir ce retrait. Mais pourquoi le sentiment anti-français s’est développé au Sahel ? Tout d’abord, le passé colonial de la France serait l’une des raisons du développement du sentiment anti-français. En effet, d’après la population hostile à la France, l'essentiel des difficultés traversées par ces pays aujourd’hui serait dues à l’ancienne domination française. De plus, selon Gilles Yabi, politologue béninois, la présence militaire persistante dans ces pays renforcerait ce sentiment de puissance coloniale, toujours dominante du fait que, depuis les indépendances, de nombreux accords de défense ont été signés entre les anciennes colonies et la France. De plus, depuis la fin des opérations Serval puis Barkhane, qui avaient pour objectif d’endiguer les groupes jihadistes, la situation sécuritaire s’est dégradée rendant la France coupable de n’avoir pu protéger la population engendrant son hostilité. Ajouté à cela, la difficulté pour obtenir des visas vers la France et les discours stricts sur l’immigration du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, provoquent un sentiment de frustration pour la jeunesse africaine. Néanmoins, le sentiment anti-français en Afrique est relatif, puisqu'il est plus présent chez les citadins que chez les populations rurales, et ce sentiment est utilisé par les putschistes pour asseoir leur légitimité. En effet, dénoncer un coupable extérieur permet de détourner l’attention de leur absence totale de légitimité juridique. Auteur : Lucie K. Rédacteur en chef : Paul F @paulfv
Date de publication: 13 octobre 2023 Date de mise à jour: 13 octobre 2023