
Ouvert en septembre 2016 et fermé en juillet 2017, le premier et unique centre de déradicalisation en France n’aura tenu que neuf mois. De son nom officiel, le centre de prévention et d’insertion à la citoyenneté aura en neuf mois montré les impasses de la politique de déradicalisation alors mise en place. Avec les attentats de 2012, la France, en retard en la matière, lance une lutte contre la radicalisation. Concept contesté par le milieu académique, la radicalisation devient une catégorie administrative, donnant lieu au concept de déradicalisation.
Ouvert à Pontourny, sous l’impulsion du premier ministre Manuel Valls, le centre avait selon ses mots : « vocation de constituer un moyen terme entre un milieu totalement ouvert et la prison ». Ainsi, il devait être constitué de personnes qui étaient en voie de radicalisation, sans être sous les mains de la justice et selon un principe de volontariat qui a limité le spectre des potentiels jeunes du centre.
A ces difficultés constitutives, s’ajoutaient des dilemmes de fonctionnement. D’abord entre l’accompagnement éducatif et les impératifs sécuritaires, et cela, dans les équipes même du centre divisées entre une direction s’inspirant de camps militaires fermés et des éducateurs formés dans les secteurs de l’éducation spécialisée et du médico-social. Le second dilemme a été la place à laisser à la religion. D’abord écartée, sans possibilité d’avoir un temps pour les jeunes de faire leur prière quotidienne, le centre a ensuite accueilli un aumônier pour porter la question religieuse.
Sans membre, le centre ferme, condamné par les balbutiements politiques et de l’incapacité à définir un phénomène clair qu’il devait résoudre. Pour les chercheurs Alex Alber, Joël Cabalion et Valérie Cohen, le centre a permis d’en apprendre plus sur les craintes de la société française que sur les trajectoires de radicalisation. Auteur: Massimo Goyet (@massimo_gyt) Rédacteur en chef: Tanguy Le Meur @tawguy
Date de publication: 25 juillet 2023 Date de mise à jour: 25 juillet 2023