L’intrigue implique six personnages principaux. D’abord, John Hammond, le créateur du parc, qui a réussi grâce à quelques prouesses génétiques à recréer des dinosaures « authentiques ». Ce richissime et excentrique personnage est entouré de ses invités de marque que sont Dr Alan Grant, un paléontologue; Dr Ellie Sattler, une paléobotaniste; Dr Ian Malcolm, un mathématicien; et enfin Lex, la petite-fille du Dr Hammond, accompagnée de son petit frère Tim. Le casting du film est donc essentiellement masculin, à l’exception de Dr Sattler et de la jeune Lex. Le film repose sur les mésaventures de ce petit groupe piégé au milieu de dinosaures féroces, ayant réussi à s’échapper de leur enclos suite à un sabotage technique. Mais derrière ce genre classique du cinéma hollywoodien se cachent quelques subtilités scénaristiques intéressantes. Car, afin d’éviter toute reproduction naturelle, les scientifiques du parc ont conçu les dinosaures comme étant toutes des femelles.
C’est donc du contrôle de la reproduction dont il est question en filigrane dans cette œuvre. La reproduction féminine est ici contrôlée et instrumentalisée par les hommes afin de servir leurs propres intérêts. Les dinosaures présentées au début comme étant « inoffensives » et « sous contrôle », deviennent des entités redoutablement intelligentes, organisées, capables de s’adapter et de communiquer stratégiquement. Elles s’échappent et veulent reprendre leur place dans la nature. Ces thèmes font écho à des débats très contemporains sur le contrôle des corps des femmes et de la reproduction.
En parallèle, les personnages féminins, bien qu’en minorité, se montrent comme étant les plus courageuses du groupe. Ce sont d’ailleurs elles qui permettent la résolution de l’intrigue finale. Dr Ellie Sattler se montre héroïque en faisant le « sale boulot », c’est-à-dire l’action la plus dangereuse et la plus physique. Tandis que la petite Lex se révèle la plus technophile, en arrivant à pirater le système informatique du parc afin de rétablir le système de sécurité. Ces deux rôles (les « risque-tout » et les « geeks ») sont d’habitude très largement incarnés par des personnages masculins dans le paysage hollywoodien.