Trump démarre aussi une guerre commerciale, imposant par décret des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique et annonce une offensive tarifaire contre l’Union européenne.
Piotr Smolar, correspondant du Monde à Washington, qualifie ce revirement de « poutinisation de la politique américaine », soutenant que « le président américain semble promouvoir des idées et des méthodes illibérales qui dessinent une communauté de pensée avec le président russe ». Les déclarations de membres du gouvernement Trump, par exemple celles du vice-président J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, qualifiant le président Volodymyr Zelensky de « dictateur », illustrent ce changement de paradigme dans la politique étrangère américaine. Cette nouvelle politique, beaucoup plus agressive, a semblé surprendre, voire choquer les Européens, bien que Trump ait menacé ces derniers d’un départ des USA de l’OTAN s’ils n’augmentaient pas leurs budgets militaires : avant février 2022, beaucoup ne respectaient pas l’objectif de l’OTAN de 2 % du PIB investi dans la défense.
Conséquence directe de cette nouvelle diplomatie américaine, l’Europe semble se détacher du paradigme atlantiste qui caractérise sa pensée politique depuis la fin de la guerre froide. L’Allemagne est traditionnellement très attachée au soutien américain, en achetant des armes en échange d’un bouclier nucléaire et d’un soutien conventionnel afin de lutter contre les tentatives de guerre hybride russes sur son sol et en mer Baltique. Friedrich Merz, futur chancelier allemand, confiait ainsi que le gouvernement Trump « ne se soucie pas beaucoup du sort de l’Europe ».
L’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche met les Européens au pied du mur en matière de sécurité. Les équipements des armées européennes dépendent fortement des USA : 63 % des 100 milliards de commandes européennes d’équipements militaires conclues après février 2022 l’ont été au bénéfice des États-Unis ; selon le Council on Foreign Relations, environ 84 000 soldats américains sont stationnés en Europe en 2025. Pour réduire cette dépendance, l’UE entame un réarmement massif avec les 800 milliards du plan Readiness 2030 de la Commission européenne et le manque de fiabilité de Washington pourrait coûter aux États-Unis de nombreux contrats d‘armements.