Anomalie politique, car seul acteur religieux de nature supranationale reconnu par presque tous les États, le Saint-Siège a créé un puissant appareil diplomatique avec à sa tête le sous-secrétaire aux relations avec les États. Si le rôle du Saint-Siège dans les affaires internationales est très ancien, son réseau diplomatique tel qu’il existe aujourd’hui n’a été formalisé qu’à partir de la création de l’État de la Cité du Vatican en 1929. C’est à cette date qu’il affirme les principes de neutralité et d’impartialité, qui guident encore sa politique étrangère. Ses principaux objectifs : assurer la liberté de culte des 1,3 milliard de fidèles répartis partout dans le monde et faire reconnaître par les États son autorité sur les églises locales.
En 1942, le Japon est le premier État non chrétien à établir des relations avec le Saint-Siège. Mais c’est surtout à partir de 1965 que ce dernier lance une diplomatie dépassant les frontières de l’Europe, lorsque Paul VI se déclare “expert en humanité” à l’Assemblée générale des Nations Unies. Dès lors, les déplacements pontificaux font du pape un acteur visible sur la scène internationale, Jean-Paul II ayant par exemple réalisé 130 voyages entre 1979 et 2005.
Cependant, cette influence repose principalement sur des réseaux locaux qui forment un maillage de terrain particulièrement dense. Les milliers d’évêques et de prêtres sont des relais et informateurs de premier ordre. Les nonces, qui ne sont pas rappelés en cas de dégradation de la situation, restent parfois les seules sources d’information disponibles dans des pays en guerre. Les paroisses, universités, écoles, hôpitaux, associations caritatives mettent en œuvre son action dans tous les domaines de la vie quotidienne. L’immensité du réseau du Saint-Siège est aussi confrontée à des blocages persistants. La Chine, qui compterait 10 millions de fidèles, fait partie des 13 États qui ne le reconnaissent pas. Un accord sur la nomination des évêques en 2018 a permis d’avancer sur cette question délicate, mais Pékin veut garder le contrôle sur les Églises en Chine et perçoit le Vatican comme un acteur extérieur et occidental.