La diversité des législations en Europe sur la fin de vie est marquée par des traditions juridiques, culturelles et religieuses très contrastées. . Aujourd’hui, neuf pays européens interdisent strictement toute forme d’aide à mourir. Parmi eux, la Pologne, l’Irlande, la Lituanie ou encore la Slovaquie. À Chypre, l’euthanasie est qualifiée de complicité au suicide, passible de dix ans de prison. En Pologne ou en Lettonie, même si l’euthanasie active est pénalisée, le patient conserve le droit de refuser un traitement, ce qui permet, dans certaines situations, une forme indirecte de fin de vie non prolongée artificiellement.
À l’opposé, cinq pays européens ont pleinement légalisé l’euthanasie active, sous des conditions strictes : la Belgique (2002), les Pays-Bas (2002), le Luxembourg (2009), l’Espagne (2021) et le Portugal (2023). Dans ces États, un médecin peut administrer une substance létale à la demande du patient, lorsque celui-ci souffre d’une pathologie grave, incurable, provoquant des souffrances physiques ou psychiques insupportables. En Espagne et au Portugal, cette aide à mourir est réservée aux majeurs. En Belgique et aux Pays-Bas, pays autorisant la pratique depuis plus de 20 ans, elle est étendue aux mineurs à condition d’obtenir l’accord des parents, et de répondre à des critères médicaux stricts.
Dans ces pays, le débat public s’oriente désormais vers des propositions d’élargissement controversées. Certains envisagent d’étendre son accès aux personnes âgées souffrant de problèmes de santé chroniques, en l’absence de maladie incurable identifiée. D’autres suggèrent d’inclure les personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères mais dont le pronostic vital n’est pas engagé. Aux Pays-Bas, la loi permet également au médecin de refuser de participer à une euthanasie, même si le patient répond aux critères. Cette clause de conscience est également protégée en Belgique et au Luxembourg.
La majorité des pays européens, dont la France, l’Italie, la Suède ou la Grèce, autorisent l’euthanasie dite « passive ». Il s’agit de cesser un traitement curatif ou de refuser une intervention médicale lorsque celle-ci n’aurait pour effet que de prolonger artificiellement la vie. Cela peut passer par la sédation profonde et continue jusqu’au décès, ou par l’arrêt de l’alimentation artificielle et de la respiration assistée. En France, cette pratique est encadrée par la loi Leonetti de 2016, qui légalise la sédation profonde dans des cas précis.
L’euthanasie passive se distingue juridiquement de l’aide active à mourir, qui reste considérée comme un homicide dans ces pays. Cependant, la législation sur l’aide à mourir reste au cœur de nombreux débats, tant sur le plan éthique que juridique et médical.
En Allemagne, deux affaires ont relancé le débat en 2024 : Deux médecins ont été condamnés pour avoir aidé des patients atteints de troubles psychiques à mourir. Ces décisions judiciaires ont déclenché une vague de réactions dans l’opinion publique et au sein du corps médical. Le Bundestag a depuis lancé plusieurs consultations, et une réforme du droit au suicide assisté est attendue.
En Autriche, l’assistance au suicide est dépénalisée depuis le 1er janvier 2022. Cette évolution législative fait suite à une décision de la Cour constitutionnelle, jugeant inconstitutionnelle l’interdiction absolue de l’aide à mourir. En réponse, le Parlement a adopté une nouvelle loi en 2021, permettant l’aide au suicide tout en imposant un double avis médical, un délai de réflexion, ainsi qu’un accompagnement par un notaire afin de formaliser la demande.
En France, le 27 mai 2025, les députés ont adopté deux textes : une proposition de loi sur les soins palliatifs, votée à l’unanimité, et une autre sur l’aide à mourir, qui suscite davantage de débats. Ce texte prévoit l’ouverture d’un droit à une aide active à mourir sous conditions strictes, notamment en cas de souffrances physiques ou psychologiques réfractaires aux traitements.
En Suisse, l’euthanasie active reste interdite, mais le suicide assisté est autorisé sous certaines conditions. La législation permet à une personne d’obtenir une assistance pour mettre fin à ses jours, à condition que l’acte soit accompli par la personne elle-même, et que l’aidant n’ait pas d’intérêt personnel dans la mort du patient. Cette méthode attire chaque année plusieurs ressortissants étrangers n’ayant pas accès à l’aide à mourir dans leur propre pays. Ce phénomène est désigné sous le nom de « tourisme de la mort ».
La tendance générale observée au niveau européen témoigne d’une évolution lente et mesurée vers une plus grande acceptation législative de l’aide à mourir, qu’elle soit active ou passive. A l’instar des débats autour de l’avortement dans les années 1970-1980, où les sociétés européennes avaient avancé avec précaution, la législation sur le droit à mourir demande la recherche d’un équilibre délicat entre liberté individuelle, éthique collective et protection contre les abus.