Ces actions et leurs conséquences ont déclenché de violentes manifestations entre le 1er et le 10 août 2024, s’inscrivant dans le mouvement collectif sans leader EndBadGovernanceinNigeria. Celui-ci dénonce la mauvaise gestion de la crise sociale par le gouvernement ainsi que la corruption.
Première puissance économique africaine jusqu’en 2022, le Nigeria a reculé à la 4ᵉ place en 2024, affaibli par de profondes crises économiques et politiques.L’inflation alimentaire de 40,6 % en mai 2024 a rendu l’alimentation inabordable. Le prix d’un sac de riz de 50 kg dépasse désormais le salaire mensuel minimum, alors que plus de 87 millions de Nigérians vivent sous le seuil de pauvreté.
En 2024, en réponse à cela, la population nigériane, en moyenne très jeune, avec un âge médian d’environ 19 ans, se mobilise pour exprimer son mécontentement face à la dégradation des conditions de vie, l’inefficacité des politiques gouvernementales ainsi que la corruption. Ces protestations ont été réprimées violemment par les autorités et les forces de l’ordre, qui ont procédé à des arrestations massives, fait usage de la force et ouvert le feu sur la foule. La brutalité de la répression a causé la mort d’au moins 24 personnes, d’après Amnesty International.
En parallèle, les accusations des habitants en matière de corruption sont confirmées par les observations des organisations internationales. En 2024, le Nigéria était classé 140eme pays le moins corrompu sur 180 d’après Transparency International et les pots-de-vin représentaient près de 0,4 % du PIB en 2023. Des chiffres notamment illustrés par les mandats du président Bola Tinubu et du gouverneur de l’État de Lagos Fashola qui, entre 1999 et 2015, ont renforcé l’autonomie financière de Lagos, mais ont été accusés de détournement de fonds. En réaction à cela, lors de sa réélection en 2023, Bola Tinubu promettait de faire de la lutte contre la corruption une priorité. Ainsi, en janvier 2024, le président a notamment suspendu Betta Edu, ministre des Affaires humanitaires, pour fraude, après avoir déjà renvoyé un directeur d’agence impliqué dans une fraude de 37 milliards de nairas. Cependant, bien que la corruption soit fortement enracinée dans la sphère politique du pays, la revendication centrale du mouvement EndBadGovernanceinNigeria demeure l’amélioration du « niveau de vie des gens », selon les mots de l’activiste Ismail Olushola Oladare.