Les flottes-fantômes, un atout stratégique utilisé par Moscou pour contourner les sanctions. 

Comment la Russie réussit à contourner les sanctions occidentales sur le pétrole ?

Les flottes-fantômes, un atout stratégique utilisé par Moscou pour contourner les sanctions. 

Comment la Russie réussit à contourner les sanctions occidentales sur le pétrole ?

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les sanctions économiques contre Moscou n’ont cessé de s’intensifier. Parmi elles, l’embargo sur le pétrole, en vigueur depuis décembre 2022 et mis en place par l’Union Européenne constitue un coup dur pour l’économie russe.

Les pertes quotidiennes sont estimées à 160 millions d’euros,  un manque à gagner colossal qui pousse la Russie à contourner ces sanctions afin de limiter au maximum son déficit. Ainsi, l’une des stratégies mises en place par Moscou repose sur l’utilisation d’une « flotte fantôme » : des navires clandestins acquis via des sociétés-écrans, opérant indirectement pour la Russie. 

Certaines entreprises publiques d’hydrocarbure russes ont déjà été sanctionnées, ce qui a permis de freiner l’activité de certains navires. Cependant, la Russie continue de renforcer cet atout stratégique. Selon des estimations, environ 9 milliards d’euros ont été investis pour acquérir plusieurs centaines de navires clandestins. Ces derniers n’ont qu’un objectif : contourner les sanctions afin de maintenir l’acheminement du pétrole tout en évitant une baisse des prix. Ce marché se déroule de manière quasiment intraçable entre Moscou et plusieurs opérateurs tiers. Ces derniers sont majoritairement issus d’Asie et des Émirats Arabes Unis, ce qui complique davantage le suivi des cargaisons. Les techniques de dissimulation sont nombreuses et sont toutes plus rodées les unes que les autres. Les navires changent régulièrement d’actionnaires ou de pavillons, leurs trajets sont insaisissables grâce des brouilleurs de données ou à l’extinction volontaire de leurs boîtiers GPS. De surcroît, la technique de transbordement entre navires en pleine mer est largement utilisée, permettant ainsi d’éviter les contrôles.

Certaines entreprises, telles que Coral Energy renommé 2Rivers,  jouent un rôle central dans ces activités. Bien que Coral Energy affirme avoir cessé ses relations commerciales avec la Russie afin de respecter les sanctions internationales, de nombreuses évidences suggèrent le contraire. L’entreprise aurait aidé la Russie à écouler son pétrole sous embargo, notamment grâce à la complicité de plusieurs banques européennes comme la Société Générale. Ces grandes entreprises et institutions financières, y compris des acteurs majeurs comme Total, collaborent avec des agents invisibles liés à la Russie. Malgré les risques encourus, ces acteurs continuent de tirer d’importants bénéfices financiers de ces transactions.

Face à l’ampleur de ce réseau de contournement, l’Union européenne tente de renforcer ses sanctions. Désormais, l’accès aux ports européens est interdit aux navires soupçonnés de ne pas respecter les règles de navigation ou transportant du pétrole acheté au-dessus des plafonds de prix imposés. Toutefois, beaucoup d’experts maritimes estiment que ces mesures restent insuffisantes pour endiguer le problème. En attendant, le pétrole russe continue d’alimenter le marché mondial, réduisant l’efficacité des sanctions économiques.

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