Les États-Unis, la Russie et la Chine renforcent massivement leurs capacités militaires dans une logique de rivalité stratégique qui rappelle la confrontation des blocs durant la Guerre froide. Washington justifie cette hausse par la nécessité de contrer les ambitions stratégiques de Moscou et Pékin, en misant sur le renforcement de la cybersécurité, la défense antimissile et une présence militaire accrue en Europe de l’Est. De son côté, la Russie voit dans l’élargissement de l’OTAN une menace existentielle. Le Kremlin évoque un « encerclement » pour justifier l’intensification de sa production d’armement. Pékin, enfin, cherche à bâtir une armée capable de « gagner contre un adversaire solide », autrement dit les États-Unis. Ce réarmement généralisé s’inscrit dans un « dilemme de sécurité ». Chaque puissance réagit à la montée en puissance de l’autre, entretenant une spirale de méfiance et de surenchère.
La nouvelle course aux armements prend aujourd’hui la forme d’une compétition technologique, notamment autour des vecteurs de projection nucléaire terrestre, maritime et aérien. Le développement des missiles hypersoniques illustre bien cette dynamique : la Russie dispose déjà du Zirkon, opérationnel depuis janvier 2023, tandis que les États-Unis ont connu un premier succès avec l’AGM-183A en mai 2022. Cette course à la vitesse et à la précision alimente aussi les innovations en matière de défense antimissile, à l’image du système S-400 russe, désormais exporté jusqu’en Asie.
Le contrôle des armements nucléaires est aujourd’hui bien plus fragile qu’à l’époque de la Guerre froide. Malgré la confrontation, les États-Unis et l’URSS avaient alors mis en place des accords structurants (SALT, START, INF) qui limitaient et surveillaient leurs arsenaux. En 2025, ce dialogue est quasiment rompu. La coopération russo-américaine s’est effondrée depuis 2023, et aucun État doté de l’arme nucléaire ne participe au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) de 2021, un texte visant à remettre en question le paradigme de la dissuasion nucléaire. Ce désengagement multilatéral, inédit depuis les années 1960, fait peser le risque réel d’une nouvelle course aux armements.