Malgré l’absence de majorité absolue à la Chambre des communes, le Parti libéral canadien a remporté les élections législatives avec 170 sièges sur 343. D’abord centrée sur des thèmes nationaux, la campagne s’est progressivement focalisée sur la politique étrangère. Devancé dans les sondages et promis à une lourde défaite, le parti a finalement tiré profit des attaques du président américain D. Trump pour se relancer. Le programme des libéraux vise à concilier une nouvelle approche économique avec la volonté de répondre aux menaces tarifaires américaines et aux propos polémiques sur le « 51e Etat ».
La redéfinition des relations commerciales avec les Etats-Unis reste au coeur du projet du Parti libéral. Le marché américain représente plus de 75% des exportations canadiennes et 62% de ses importations. Le Premier ministre Carney met ainsi l’accent sur la diversification des partenariats économiques, jugée essentielle à la souveraineté économique du pays. D’autre part, Ottawa se veut moins dépendant des États-Unis en matière de défense, comme en témoigne la volonté de réexaminer le contrat de 88 avions de chasse américains F-35. Néanmoins, la situation sur les tarifs douaniers pourrait évoluer prochainement, notamment avec la reprise des négociations entre les deux pays.
Cette volonté d’autonomie stratégique pousse Ottawa à se tourner vers d’autres partenaires. L’Union européenne, avec laquelle le Canada partage des intérêts et des valeurs, constitue une alternative crédible. En mars 2025, Mark Carney a réservé son premier déplacement officiel à la France, pour discuter du renforcement des liens euro-canadiens. Un rapprochement pourrait s’articuler autour de l’économie (l’Accord économique et commercial global), de la coopération énergétique, de la défense, ou encore de la politique étrangère (notamment sur l’Ukraine). Dans le domaine sécuritaire, les libéraux canadiens espèrent négocier un accord sur la protection de l’Arctique, théâtre croissant de tensions géopolitiques.