Trump et la guerre de l’information : le démantèlement du soft-power américain

Quelle est la puissance de l’USAGM, démantelé par Trump ?

Diffusés dans plus de 100 pays et 63 langues, revendiquant chaque semaine environ 420 millions d’auditeurs ou de téléspectateurs, l'USAGM (United States Agency for Global Media) est aujourd’hui menacée dans son fonctionnement. Depuis le 14 mars 2025, un décret exécutif de Donald Trump l’a placée parmi les « activités inutiles de la bureaucratie ». L'arrêt des financements de chaînes emblématiques comme Voice of America a été accueilli favorablement par les puissances autoritaires mondiales, à l’instar de la Chine et de la Russie. Le bras de fer entre les médias et l'administration Trump se poursuit désormais sur le terrain de la justice fédérale pour les mois qui viennent. Il n'en est pas moins le symbole d'un recul de plus en plus croissant de la liberté de la presse dans le monde.

Agence indépendante, l’USAGM est chargée de superviser les médias internationaux américains, dont l’une des plus célèbres est Voice of America. Chaîne fondée en 1942 en pleine Seconde Guerre mondiale, elle avait pour objectif de lutter contre la propagande nazie sur le continent européen. Par la suite, elle devint un contrepoids, durant la Guerre froide, à la propagande du Kremlin et fut, dans cette optique, subventionnée en partie par la CIA, même si désormais son financement est exclusivement assuré par le Congrès. À l’échelle étasunienne, cet événement peut être vu à la fois comme l’un des nombreux incidents qui émaillent la relation plus que dégradée entre le président Donald Trump et les médias traditionnels, mais aussi comme lié à la réduction massive et brutale des dépenses publiques initiées par Elon Musk et son comité DOGE. À l’échelle mondiale, il est le symbole d’un affaiblissement croissant de l’Occident dans la bataille informationnelle.

Cette volonté de démantèlement sert indirectement l’intérêt des régimes autoritaires et dictatoriaux. Pendant longtemps, des chaînes comme Radio Free Europe et Radio Free Asia étaient les porte-voix des dissidents politiques persécutés et protégeaient la liberté de la presse. Ces radios couvrent la plupart du temps des sujets d’ordre local mais politiquement trop dangereux pour être couverts par la presse nationale. Par exemple, en septembre 2017, Radio Free Asia fut une des premières chaînes d’informations à faire état de la politique de répression des Ouïghours par le régime de Pékin. 

Ainsi, les menaces de fermetures de médias se répercutent sur les journalistes étrangers employés qui risquent de perdre leur visa et donc d’être renvoyés et arrêtés dans leur pays d’origine. Profitant des difficultés des sociétés démocratiques à investir durablement le champ informationnel mondial, les pays autocratiques chinois et russes investissent constamment dans leurs organes de presse. À titre d’exemple, la fréquence qu’utilisait la BBC au Liban jusqu’à sa fermeture pour cause de coûts budgétaires a été reprise en 2023 par Sputnik, une agence de presse russe, régulièrement critiquée pour diffuser la propagande du Kremlin. 

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