Dans le film, Amy et Molly, lycéennes meilleures amies et travailleuses acharnées, réalisent qu’elles auraient dû plus s’amuser à la veille de la remise des diplômes. Elles décident d’y remédier en s’aventurant dans une soirée mémorable. Mais “Booksmart” propose aussi une approche plus moderne et nuancée de l’adolescence, en cassant les stéréotypes et en diversifiant les profils des protagonistes, encourageant ainsi l’authenticité et la camaraderie.
Ce film innove dans le genre en consacrant des moments profonds à des personnages secondaires qui, au premier abord, semblaient ne servir qu’à sa portée comique. Il contraste avec un long passé de “teen movies” représentant les lycéens de manière stéréotypée et exagérée. Dans ceux-ci, les enfants gâtés prétentieux malmènent les intellos et les playboys font fantasmer les blondes crédules. Dans “Booksmart”, s’il semble tout d’abord bien assignable à un “type”, chaque personnage se révèle en réalité intelligent, bienveillant et ambitieux à sa manière, tout en restant toujours fidèle à ses valeurs.
Le personnage d’Annabelle, par exemple, sans nier les rumeurs qui circulent à son propos, les dénonce et prône la fraternité plutôt que le dénigrement et la compétition. Le film encourage l’authenticité : les personnages savent qui ils sont et n’essaient pas d’entrer dans un moule pour plaire. Amy et Molly, elles-mêmes, sont deux premières de la classe, mais, loin d’être timides ou ostracisées, elles sont fières de leur parcours et n’ont pas peur d’afficher leurs ambitions. Celles-ci n’entrent jamais en compétition, contrairement à ce que le genre du film pourrait laisser présupposer.
Fortes et indépendantes, elles se soutiennent constamment sans jalousie ni hypocrisie. “Booksmart” va à l’encontre de l’horizon d’attente du spectateur en renversant chaque cliché redouté : la dispute des meilleures amies, péripétie typique du genre, donne en réalité à voir une relation complexe, riche en antagonismes, et très réaliste. De même, le film dresse des portraits crédibles de lycéens qui font leur âge et dont le naturel du maquillage, de la coiffure et des costumes rend l’identification plus aisée.
Le film innove aussi en apportant de la visibilité à la communauté LGBTQ+, avec des personnages qui questionnent leur sexualité sans y être réduits. Ainsi, le récit ne tourne pas exclusivement autour du coming out d’Amy, mais l’introduit de manière naturelle et non réductrice. Elle n’est jamais victime d’homophobie de la part de ses camarades ou de ses parents, et explore sa sexualité dans une scène filmée de manière non idéalisée, apportant un regard sensible et novateur dans le genre du “teen movie”.