Les travaux de fortification, débutés en novembre 2024, s’étendront sur quatre ans (2024-2028) et nécessiteront un investissement estimé à environ 2,4 milliards d’euros. Le gouvernement polonais, qui estime que ce projet permet aussi de protéger les frontières de l’UE et de l’OTAN, espère obtenir des subventions européennes.
Cette annonce témoigne d’une militarisation croissante de la frontière, alimentée par la dégradation continue de l’environnement sécuritaire régional. La guerre en Ukraine a renforcé les inquiétudes de la Pologne face aux ambitions impérialistes de Vladimir Poutine. Ces dernières années, le pays a connu une forte augmentation de l’afflux de migrants détenteurs de visas russes à sa frontière, illustrant une stratégie d’instrumentalisation menée par Moscou à des fins de déstabilisation. Dans ce contexte, la question de la sécurisation de la frontière s’est imposée comme un enjeu majeur pour le gouvernement de Donald Tusk, au pouvoir depuis décembre 2023.
La matérialisation concrète de ce « bouclier Est » repose sur plusieurs piliers. Des travaux d’infrastructures (routes, ponts, berges) visent à adapter ces dernières au déplacement d’engins militaires lourds afin de faciliter la mobilité des soldats polonais. Le plan inclut également la mise en place de fossés antichars, de hérissons, ou encore de champs de mines, en exploitant autant que possible la topographie spécifique de la région en cause (forêts denses, plaines inondables, marais…). En complément, des éléments dits de « smart-défense » seront déployés, tels qu’un réseau de capteurs acoustiques, électromagnétiques et visuels, ainsi qu’une surveillance satellitaire et des systèmes anti-drones. Ce dispositif est soutenu par la présence de troupes polonaises issues des gardes-frontières, de l’armée et de la police, qui sont stationnées tout au long de la frontière. Enfin, le bouclier polonais devrait être relié à la ligne de défense balte en cours de construction en Lituanie, Lettonie, et Estonie.
Cette fortification de la frontière fait partie d’un ensemble plus large de mesures visant à renforcer et moderniser les capacités de défense polonaises. En 2024, le budget de la défense polonais représentait 4% de son PIB. Il est prévu que celui-ci atteigne 4,5% du PIB en 2025, un niveau record au sein de l’OTAN.