Bien que le dollar reste la monnaie la plus influente dans les échanges internationaux, les sanctions imposées à la Russie depuis 2014 ont poussé le pays à trouver de nouveaux moyens de les contourner et continuer à vendre son pétrole. Limiter l’utilisation du dollar au profit d’autres monnaies lui permet d’ignorer les barrières bancaires mises en place à son encontre. La création d’une alternative au dollar par les BRICS+ a été poussée par les sanctions imposées à la Russie, perçues comme une opportunité.
Les BRICS+, avec la Russie comme tête de file, souhaitent s’affranchir du dollar pour aller vers plus d’autonomie bancaire. En 2015, ce groupe d’États a créé la Nouvelle Banque de développement (NDB), qui leur permettrait de ne plus utiliser le système international Swift. Après 9 ans, le système n’a pas fait ses preuves, aucune monnaie n’a vu le jour pour faire concurrence au dollar. Cela pousse aujourd’hui les BRICS+ à redéfinir leur projet. Moscou souhaite un système dont elle ne pourrait pas être bannie, et son président, Vladimir Poutine, a déclaré lors de ce 16e sommet que « si on ne nous donne pas la possibilité [d’utiliser le dollar], que pouvons-nous faire ? Nous sommes obligés de chercher des alternatives ».
Cette recherche d’alternatives s’explique notamment par l’exclusion de la Russie du système bancaire Swift depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022. Ce système bancaire d’origine belge, détenu par les plus grosses banques mondiales, est le canal par lequel passe tous les virements bancaires. Dans ce système sont enregistrés tous les codes BIC. L’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni ont voté pour que ces BIC russes soient bloqués par le système bancaire international. Les sept plus grandes banques russes ne sont donc plus reconnues, ce qui affecte les échanges avec l’étranger. Cela a eu pour conséquences, par exemple, la perte de 7 milliards d’euros pour VTB, deuxième plus grande banque du pays. Plus largement, l’activité des échanges internationaux, traditionnellement menés en dollars, a considérablement baissé. Avec la France par exemple, la Russie est passée de 11e partenaire commercial en 2021 à 37e en 2023.
Ces restrictions forcent la Russie à se tourner vers de nouveaux partenaires commerciaux. Ainsi, la Bourse de Moscou a suspendu cette année les transactions en euros et dollars qui se font désormais majoritairement en yuan chinois.Le rapprochement entre ces deux pays membres des BRICS+ montre le chemin vers une coopération plus forte entre tous les pays membres, qui pourrait, cette fois-ci, amener à la création réussie d’un système bancaire alternatif au Swift.