Les fusillades ont mis en lumière l’insécurité grandissante et ont révélé des défaillances structurelles dans la gestion des politiques publiques. En parallèle, le pays fait face à un ralentissement économique, avec un taux de croissance oscillant entre 1,5% et 2,5% entre 2022 et 2023, et un marché du travail particulièrement défavorable aux jeunes, dont le taux de chômage a atteint en moyenne 37,25 % entre 2008 et 2024, selon l’Institut national de la statistique de la République de Serbie.
Dans ce contexte, les étudiants ont structuré un mouvement de contestation articulé autour de trois revendications principales : une responsabilisation accrue des autorités face aux enjeux sécuritaires, une réforme en profondeur du marché du travail pour faciliter l’insertion des jeunes diplômés, et une augmentation substantielle du budget alloué à l’enseignement supérieur. À ces revendications se sont ajoutées des critiques plus larges sur la gouvernance du pays et sur l’omniprésence du Parti progressiste serbe (SNS) au pouvoir. Rapidement, le mouvement a été rejoint par des syndicats et des organisations citoyennes, formant une coalition inédite qui a permis d’amplifier la pression sur le gouvernement.
Face à cette contestation, les autorités ont tenté de décrédibiliser le mouvement en l’accusant d’être instrumentalisé par l’opposition politique. Cependant, l’ampleur des manifestations, qui ont rassemblé plus de 100 000 personnes à Belgrade, a contraint le gouvernement à revoir sa stratégie. Après plusieurs tentatives d’apaisement, dont l’annonce de subventions pour les étudiants et de légères réformes du secteur éducatif, la pression populaire a finalement conduit à la démission du Premier ministre en janvier 2025. Toutefois, la crise actuelle révèle des fragilités institutionnelles profondes et pose la question de la stabilité politique à long terme du pays. Si la démission du Premier ministre représente une victoire pour les manifestants, elle ne garantit pas un changement de cap immédiat. L’avenir du mouvement dépendra de la capacité des manifestants à maintenir la pression sur les autorités et à obtenir des réformes concrètes.