En quoi la politique sécuritaire suédoise évolue-t-elle drastiquement aujourd’hui ?

En quoi la politique sécuritaire suédoise évolue-t-elle drastiquement aujourd’hui ?

Le 18 novembre 2024, l'agence suédoise des contingences civiles (MSB) a commencé la distribution de près de 5 millions de brochures à ses citoyens. Dans ces brochures se trouvent des conseils destinés à préparer les Suédois à l’éventualité d’un conflit armé avec la Russie. Cette décision confirme la situation critique dont fait état la Suède depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.

 Cette nouvelle donne stratégique en Europe a notamment poussé la Suède à intégrer l’OTAN le 7 mars 2024, mettant fin aux plusieurs siècles de neutralité qui faisaient la particularité de la puissance suédoise sur la scène internationale. Plus largement, cette dynamique sécuritaire est observée au niveau régional avec les différentes mesures prises par les gouvernements norvégiens et finlandais.

La neutralité est une singularité suédoise datant du XIXème siècle qui lui a permis d’éviter les grands conflits tout en restant influente et active sur la scène internationale. Elle lui a notamment permis de ne pas être entraînée dans l’engrenage de la guerre froide, bien que sa politique ait toujours penché en faveur de l’Ouest. Cette politique de neutralité diminue avec l’intégration de l’Union européenne en 1995 et elle se transforme en « politique de non-alliance avec les organisations militaires permanentes ». 

C’est avec l’intégration de l’OTAN en 2024 que Stockholm renonce entièrement à sa politique de neutralité. Cette intégration de l’OTAN s’accompagne d’une évolution de la position suédoise sur les armes nucléaires. Alors que Stockholm a réitéré à maintes reprises sa volonté de soutenir le désarmement progressif des armes nucléaires, l’intégration d’une organisation qui base en partie sa sécurité sur la dissuasion nucléaire a poussé le gouvernement suédois à changer son approche. Bien que toujours enclin à un désarmement progressif, le pays est maintenant beaucoup plus modéré sur la question, comme le traduisait déjà sa non-participation en tant qu’Etat observateur à la deuxième réunion des Etats parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, signé en 2017. 

Cependant, ces grands changements au niveau stratégique et sécuritaire ne reposent pas seulement sur l’intégration de l’OTAN puisque la Suède avait déjà conclu un accord de défense bilatéral avec les Etats-Unis fin 2023 permettant à ces derniers de pouvoir stationner dans plusieurs bases suédoises. De même, la menace de la puissance russe a poussé la Suède au réarmement avec notamment l’augmentation des effectifs depuis 2021 et un accroissement de son budget de la défense de 1,1 % entre 2017 et 2024. Parallèlement, Stockholm soutient activement l’Ukraine à hauteur de 10,26 milliards d’euros, soit le 7ème plus grand donateur devant la France. L’ensemble de ces mesures accompagne un discours politique réfléchi et prévenant du gouvernement suédois, comme le reflète la déclaration du premier ministre suédois le 12 janvier 2025 : “La Suède n’est pas en guerre, mais pas en paix non plus”.  

Vous aimez lire nos décryptages ?

Soutenez-nous ! Parce que nous sommes un média :

Nos Dernières Décryptages

En démocratie, le dèmos ne relève pas d’une identité, mais d’un cri

Commençons par un constat : au cœur de telle rue ou de telle place, surgissent p...

Assiste-t-on à une véritable crise de régime en Corée du Sud ?

À la suite du décret pris à l’initiative du président Yoon Suk-ye...

La Géorgie tiraillée entre son envie d’Europe, la peur de la guerre et la haine de la Russie

Des dizaines de milliers de manifestants géorgiens sont descendus dans les rues ...

En démocratie, le dèmos ne relève pas d’une identité, mais d’un cri

Commençons par un constat : au cœur de telle rue ou de telle place, surgissent parfois des cris de m...

Assiste-t-on à une véritable crise de régime en Corée du Sud ?

À la suite du décret pris à l’initiative du président Yoon Suk-yeol, puis de son retr...

La Géorgie tiraillée entre son envie d’Europe, la peur de la guerre et la haine de la Russie

Des dizaines de milliers de manifestants géorgiens sont descendus dans les rues de Tbilissi en scand...

Rejoignez notre communauté

Recevez chaque semaine nos derniers dossiers, grands entretiens et décryptages dans votre boite mail !