La défense ukrainienne est en danger face aux lacunes européennes dans le domaine spatial 

En quoi les lacunes européennes dans le domaine spatial portent-elles préjudice à la défense ukrainienne dans son conflit avec la Russie ?

La défense ukrainienne est en danger face aux lacunes européennes dans le domaine spatial 

En quoi les lacunes européennes dans le domaine spatial portent-elles préjudice à la défense ukrainienne dans son conflit avec la Russie ?

Depuis 2022, l’Ukraine a massivement recours aux terminaux de l’entreprise américaine Starlink pour ses communications via internet dans le cadre de son conflit avec la Russie. Starlink, avec aujourd’hui deux tiers des satellites en orbite (6000), est un acteur pouvant offrir une connectivité constante et est donc devenu un partenaire vital pour le pays.

Face à cet acteur de poids, l’Europe ne dispose en comparaison que d’une trentaine de satellites pour ses trois programmes  : Galileo, EGNOS et Copernicus et ne peut donc à ce jour offrir le même niveau de couverture. Cette dépendance porte préjudice à l’Ukraine. Dans le cadre de négociations sur un projet d’accès privilégié aux ressources minérales ukrainiennes par les Etats-Unis, le président Trump aurait menacé le président Zelensky de couper l’accès aux satellites Starlink.

Le 10 mai 2024, d’après un commandant de l’armée ukrainienne, le système aurait défailli lors de l’offensive russe sur la région de Kharkiv. Elon Musk, président de Starlink et haut conseiller du Président des Etats-Unis, a déjà, en 2022, menacé de couper l’accès à ces services si Kiev attaquait des cibles russes. Ces événements illustrent à quel point la course à l’espace est un enjeu central dans la défense nationale puisque les lacunes européennes à ce niveau rendent la défense du territoire ukrainien dépendante du bon vouloir d’une entreprise privée étrangère. 

L’Agence Spatiale Européenne rencontre des difficultés à s’imposer face à ses concurrents, pour des raisons de gouvernance mais aussi à cause de ses faiblesses industrielles et économiques. Son budget est huit fois moins important que celui de l’Agence Spatiale Américaine (NASA). Face à la pression accrue d’acteurs comme la Chine, les Etat-Unis ou l’Inde il est de plus en plus difficile commercialement de développer des nouveaux outils tout en restant compétitif. En août 2024 par exemple, 18 satellites ont été lancés par la Chine dans le cadre de sa constellation Qianfan et ce nombre devrait atteindre 15 000 en 2030. En comparaison, EGNOS, un système européen de navigation, ne dispose que de trois satellites. 

On observe cependant depuis 2022 que l’Europe comprend ces nouveaux enjeux et tente de revenir dans la course. Des travaux ont été lancés afin de se doter de sa  première constellation souveraine de communication « Iris2 » permettant à l’Europe de ne dépendre ni des Etats-Unis, de la Chine. Face aux risques financiers que cela représente, il a été décidé de lancer un projet combinant le public et le privé, pour un budget de 10,6 milliards d’euros. En janvier 2025, lors de la conférence annuelle des acteurs européens de l’Espace, le commissaire européen à la Défense et à l’Espace, Andrius Kubilius, a confirmé que le secteur spatial sera une composante centrale de la stratégie de défense de l’Europe, présentée en Mars. 

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