En annonçant un plan d’investissement de 109 milliards d’euros pour développer l’IA, Emmanuel Macron envoie un signal fort qui illustre le rôle essentiel que souhaite jouer la France dans ce domaine. Dans le cadre de sa stratégie pour l’IA, la France entend renforcer ses infrastructures de calcul et continuer de former des talents de l’IA afin d’acquérir l’autonomie nécessaire dans cette course à l’innovation et à l’investissement.
De récentes annonces attestent l’importance de s’inscrire dans la course à l’intelligence artificielle. Alors que la start-up chinoise DeepSeek a présenté son dernier modèle d’intelligence artificielle DeepSeek-R1, Donald Trump a annoncé le lancement du projet Stargate, prévoyant 500 milliards de dollars d’investissement dans l’IA. Dans ce contexte de concurrence accrue entre géants de la tech, la France cherche à s’imposer en leader européen sans se laisser totalement distancer par les États-Unis et la Chine. À l’issue du Sommet pour l’Action sur l’IA, une soixantaine de pays mais aussi l’UE et l’Union Africaine ont signé une déclaration pour défendre la création d’intelligences artificielles « ouvertes », « inclusives » et « éthiques » et ainsi éviter une concentration sur ce marché.
Malgré de fortes oppositions concernant la réglementation autour de l’IA, Paris dispose d’une certaine crédibilité à l’international grâce à sa stratégie nationale pour l’IA lancée dès 2018 et ses capacités d’innovation. Cela se traduit par des réussites notoires comme Mistral, le « OpenAI français » dont les IA génératives rivalisent avec celle du géant américain tout en étant plus ouvertes. La France possède des atouts non-négligeables pour attirer les investisseurs comme sa production d’électricité verte relativement abordable et en grande quantité grâce à son parc nucléaire. Dans le cadre de la troisième étape de sa stratégie nationale, l’Etat prévoit de renforcer les infrastructures de calcul avec 35 projets de data centers et de poursuivre le financement de la recherche afin d’intégrer l’IA dans les services publics.
Dans ce contexte, les Émirats Arabe Unis ont annoncé s’implanter dans l’Hexagone avec près de 50 milliards d’euros pour la création d’un campus sur l’IA. Jean-Loup Samaan, expert associé à l’Institut Montaigne, reconnaît que cet accord est bénéfique pour la France mais il tempère en soulignant l’importance de préserver la souveraineté numérique française. Si l’ambition de la France n’est pas de rattraper les leaders américains, de nombreux observateurs estiment qu’elle doit se maintenir dans la course, étant donné l’interdépendance des chaînes de valeur.