Depuis le « Liberation Day » du 2 avril 2025, la stratégie douanière de Donald Trump repose sur des droits dits « réciproques ». L’Amérique du Sud a d’abord été relativement épargnée : la plupart des pays de la région n’étaient soumis qu’à une surtaxe minimale de 10 %, contre des hausses supérieures à 30 % pour plusieurs pays asiatiques. Cependant, fin juillet le dispositif s’est durci. La Guyana, la Bolivie et l’Équateur rejoignent désormais le Venezuela dans la catégorie des pays sanctionnés à 15 %. Le Brésil, lui, subit une pression particulière à la suite du procès de l’ancien président Bolsonaro, que Trump qualifie de ”chasse aux sorcières”. En représailles, certaines exportations comme le café ou la viande seront désormais taxées à 50 %. Ainsi, des raisons politiques s’ajoute au simple protectionnisme commercial.
Cette politique protection site a un impact limité sur la croissants sud-américaine, car joins de 20% du PIB régional dépend des exportations vers les États-Unis. Mais les effets indirects inquiètent davantage. La contraction de la demande mondiale, notamment en Chine, principal client de la région, pèse sur les perspectives de demande. Certains secteurs sont par ailleurs ciblés par des droits de douane élevés, indépendamment du pays exportateur comme l’acier, l’aluminium ou encore les pièces de cuivre sont ainsi taxés à 50 %. Toutefois, ces mesures visent surtout des produits semi‑finis, comme les pièces et alliages, et non le cuivre brut. Cette distinction rassure les professionnels du secteur au Chili et au Pérou, dont les exportations principales resteraient épargnées. En outre, les États-Unis couvrent à peine 8 % de la demande mondiale de cuivre, loin derrière la Chine (57 %). Une redirection des flux vers l’Asie semble donc probable, renforçant potentiellement les liens commerciaux entre l’Amérique du Sud et Pékin.
Cette dynamique tarifaire agit néanmoins comme un accélérateur de réorientation stratégique vers la Chine et/ou l’Union européenne (UE). Le Brésil, déjà bénéficiaire d’un afflux de demandes chinoises en soja, viande ou pétrole depuis avril, pousse à une accélération de l’intégration régionale via le Mercosur, et à la conclusion d’accords commerciaux avec l’UE. L’exemple brésilien associé aux revirements fréquents de Trump, démontrent comment l’Amérique latin reste exposée à d‘éventuelles hausses tarifaires comme représailles politiques. Dans ce contexte, la région pourrait transformer les tensions protectionnistes en levier de repositionnement commercial, à condition de surmonter ses fragilités internes.