Face à la crise européenne, cette orientation vise à diversifier les partenariats, à élargir sa base d’exportation et à réduire son déficit commercial. En s’appuyant sur la coopération Sud-Sud, le Maroc cherche à saisir les opportunités de croissance qu’offre l’Afrique, tout en consolidant sa position sur les marchés internationaux.
Le Maroc entretient depuis longtemps des relations économiques, politiques et culturelles étroites avec l’Afrique subsaharienne, notamment en Afrique de l’Ouest et dans les pays francophones. Ces liens historiques remontent bien avant les indépendances, témoins d’une coopération ancienne et solide. En 1963, le Maroc a contribué à la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue l’Union Africaine (UA) en 2000. Cependant, le pays a quitté l’organisation en 1984, en signe de protestation contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
Après plus de trois décennies d’absence, le Maroc a fait un retour triomphal au sein de l’UA le 30 janvier 2017, lors du 28ᵉ sommet à Addis-Abeba. Ce retour, qualifié de « retour chez soi » par le roi Mohammed VI, marque une nouvelle ère dans la stratégie d’investissement du royaume en Afrique. Le Maroc vise à tirer parti de la croissance économique prometteuse des pays subsahariens, annoncée par le FMI et la Banque mondiale en 2016. Depuis son retour, le Maroc a signé plus de 400 accords avec plus de 40 pays africains, dans des secteurs clés comme la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, les infrastructures de transport, et les finances.
En 2019, les investissements directs étrangers (IDE) marocains étaient présents dans 29 pays africains, contre seulement 9 en 2009, faisant du royaume le premier investisseur en Afrique de l’Ouest et le deuxième en Afrique après l’Afrique du Sud. Ce dynamisme économique se traduit par une hausse de 20 % des exportations marocaines vers l’Afrique entre 2017 et 2022 et par un solde commercial passé d’un déficit de 2,97 Mds MAD en 2014 à un excédent de 6,3 Mds MAD en 2021. Cependant, ce tableau encourageant ne saurait occulter les défis persistants. Le déploiement de la stratégie royale reste entravé par une gouvernance parfois inefficace et des résistances institutionnelles internes. À cela s’ajoutent les obstacles liés au financement et à l’accès aux marchés locaux africains, qui demeurent fragiles et caractérisés par un déficit important en données financières fiables, essentielles pour « dérisquer » l’investissement sur le continent.