Le Parlement européen, lui, a voté trois jours après en faveur du règlement RESTORE, qui vise à renforcer la réactivité des États membres face aux catastrophes naturelles. Mais la nature des relations entre l’UE et ses 22 outre-mer dépasse le cadre climatique, témoignant du lien particulier de l’UE envers ces régions.
L’UE distingue deux catégories d’outre-mer. Les régions ultrapériphériques (RUP), comme Mayotte, doivent respecter l’acquis communautaire et les normes de l’UE. Les pays et territoires d’outre-mer (PTOM), comme le Groenland, ne sont pas dans le territoire de l’UE, mais bénéficient d’un régime d’association via des aides au développement économique et social en vue de maintenir des relations stables.
Malgré leurs spécificités, les RUP et les PTOM ont en commun un certain nombre de potentialités économiques : ils dépendent pour la plupart de l’économie de l’océan et du tourisme. Leur connectivité avec leurs métropoles fait ainsi l’objet des stratégies de l’UE. En mai 2022, la Commission européenne a renouvelé sa stratégie pour les RUP afin de répondre aux conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19 sur ces territoires. Elle a conseillé à la France, au Portugal et à l’Espagne d’améliorer les conditions de vie des habitants, de valoriser les atouts uniques de leurs régions, de soutenir la transition verte et numérique et de renforcer la coopération diplomatique, économique et migratoire entre les RUP et les pays tiers. Parallèlement, les PTOM votent un budget commun pour la transition énergétique et la connectivité et se coordonnent via l’Association des pays et territoires d’outre-mer à l’UE, qui a adopté son nouveau plan stratégique pour la période 2021-2027, axé sur le dialogue politique et stratégique.
Pour autant, la croissance des outre-mer est contrebalancée par les écarts de développement avec les métropoles. En 2022, le PIB par habitant en France est de 38 775 euros, alors qu’il est de 11 579 euros à Mayotte, 24 663 euros à La Réunion et 25 903 euros en Martinique, renforçant ainsi leur isolement géographique de l’Europe. Parallèlement, leur vulnérabilité face au changement climatique est plus élevée que dans les autres territoires, surtout à cause de la montée du niveau des océans et de leur acidification. La chercheuse Florence Faberon a ainsi proposé “d’inscrire les RUP et les PTOM dans de véritables logiques de résilience et de faire entendre leurs voix en donnant à connaître leurs forces.”