À l’inverse, les industries du secteur numérique, pharmaceutique, et aéronautique poursuivent leur croissance en Europe, notamment en France, et opèrent leur phase de transition pour les plus récentes. Ce constat met en relief une disparité dans la prospérité des différents secteurs économiques au sein du continent européen.
Cet état de fait au niveau du secteur manufacturier peut aisément s’expliquer par la baisse des exportations, notamment en Allemagne. À l’heure où les élections législatives anticipées sont attendues pour le mois de février, de l’autre côté du Rhin, Berlin souffle les bougies de la fin de son miracle économique. Volkswagen a annoncé, fin décembre 2024, la suppression de 35 000 postes d’ici à 2030, tandis que Thyssen-Krupp, leader de la sidérurgie, table sur 11 000.
Celle-ci est la conséquence de plusieurs facteurs : menaces de renforcement des droits de douane concernant les exportations vers les États-Unis, comme promis par la nouvelle administration Trump, ainsi qu’une instabilité géopolitique prégnante. La guerre en Ukraine a particulièrement touché l’économie allemande, la fin de la livraison du gaz russe en est une cause, quant aux autres conflits qui secouent le monde, ils rendent propice l’application de mesures protectionnistes, réduisant de fait les exportations européennes.
Seules l’Espagne et la Grèce semblent tirer leur épingle du jeu en maintenant leurs indices aux alentours de 53. On note aussi une disparité dans l’industrie manufacturière entre le Nord et le Sud de l’Europe, exception faite de l’Italie, qui suit l’exemple de ses homologues français et allemands. Selon l’expert en économie Nicolas Ravailhe, il s’agit de la conséquence d’une phase de transition industrielle qui semble s’opérer pour les pays du Nord de l’Europe. Le Sud semble être sur la même voie, mais avec quelques années de retard dues à des inégalités systémiques et historiques.
En effet, des sociétés pharmaceutiques françaises, comme Sanofi, affichent une croissance record à deux chiffres, alors que le secteur du numérique ne cesse d’opérer une marge de progression favorable depuis dix ans. Celle-ci commence à peine à se stabiliser, un marqueur de stabilité et de pérennité selon l’OCDE.Si l’industrie manufacturière en Europe est en déclin, signe qu’elle doit repenser son organisation, il en est autrement concernant le reste des secteurs industriels évoqués, qui prospèrent depuis plusieurs années. L’équilibre entre celles-ci dépend des actions qui seront menées par la suite afin que toutes avancent de concert, sur une même pente ascendante.