Le 47e président des États-Unis veut donner la primauté à la force. Cet impérialisme remet aussi en cause les principes hérités de la Seconde Guerre mondiale et notamment l’ONU, qui impose de garantir la paix et la sécurité dans le monde. Les États-Unis font pourtant partie du Conseil de sécurité de l’organisation.
Pour Donald Trump, faire du Groenland le 51e État de son pays, c’est entraver la progression de la Chine et de la Russie en Arctique. Une progression “qui préoccupe vraiment les États-Unis” rappelle Stéphanie Pézard, chercheuse en sciences politiques à l’institut Rand Corporation. Trump souhaite imposer sa présence dans cette région du monde et instaurer un rapport de force afin de devancer des puissances concurrentes. Dans une “ruée vers l’or” où les puissances veulent s’accaparer des territoires en Arctique riches en ressources, Donald Trump évince le multilatéralisme du jeu.
Mais si les États-Unis parviennent à rattacher le Groenland, les conséquences sur l’ordre mondial pourraient être pires. Ning Rong Liu explique dans le journal hongkongais “Ming Pao” que si Donald Trump parvenait à réaliser ses ambitions, cela donnerait à la Chine l’occasion de “promouvoir une réunification pacifique” de Taïwan. Cela créerait un précédent qui permettrait à la Chine de faire aboutir ses ambitions territoriales. L’autre problème, c’est que dans cette affaire du Groenland, l’Europe semble mise de côté. Pourtant, le Groenland est un territoire rattaché au Danemark. Et d’autres espaces en Arctique sont européens. En faisant abstraction de ces principes, Donald Trump sort du droit international. Les conséquences d’un tel impérialisme, c’est aussi de permettre à Donald Trump de pousser sa conquête encore plus loin. En Arctique, il y a des territoires qui ne sont pas européens. C’est le cas de l’Islande. Cette île pourrait devenir l’objet de convoitises de la part de grandes puissances.
La question est d’une ampleur cruciale pour les États européens, dans leur volonté de s’opposer à l’impérialisme de Trump. Si le président américain parvient à prendre le Groenland, qui pourra l’empêcher de “lorgner sur l’Islande”, ce qu’explique Pierre Clairé, analyste pour un think tank spécialisé en politiques publiques. Ce début de mandat de Donald Trump est donc “centré sur la réaffirmation des prérogatives américaines et la remise en cause de la coopération multilatérale” selon Frédéric Ramel, politiste.